Briser le silence

Épisode #7 - Un lien complexe entre trouble alimentaire et violence sexuelles

Briser le silence Season 2 Episode 7

Dans cet épisode, Juliette et Marie reçoivent Marie-Andrée Cheney, intervenante à la Maison l'Éclaircie. Ensemble, elles explorent le lien complexe entre les violences sexuelles et les troubles alimentaires, deux réalités souvent méconnues mais intimement liées. Accompagnées de Marie-Andrée, elles abordent les impacts psychologiques, physiques et émotionnels de ces expériences sur les femmes.

Marie-Andrée Cheney est travailleuse sociale à la Maison L'éclaircie. Cet organisme communautaire vient en aide aux personnes qui vivent un trouble du comportement alimentaire associé à l'anorexie et  à la boulimie.

Pour nous suivre sur nos autres plateformes :
Youtube
Facebook
Instagram


🎙️🎥: Gestion Balado Studio

- Cette initiative est soutenue par le Secrétariat à la condition féminine -

Bonjour, bienvenue à la première épisode de la saison 2 du balado Briser le silence. Aujourd'hui, on a reçu la merveilleuse intervenante Marie-Andrée Chenet pour parler des troubles du comportement alimentaire. Donc, je vous souhaite une belle écoute. Bon épisode! Notre balado aborde les violences sexuelles et leurs conséquences. Il peut aussi être question de traumatismes, de violences, de suicides, de consommation, d'automutilation et autres. Cet épisode s'adresse à un public averti. Cette initiative est soutenue par le Secrétariat à la condition féminine. Bienvenue à Briser le silence. Votre balado traitant des violences sexuelles, de consentement et des dynamiques de pouvoir entre les individus. Votre animatrice, Juliette Marcoux, ainsi que ses invités échangeront sur ces réalités qui concernent l'ensemble de la population. Merci d'être à l'écoute. Ensemble, brisons le silence. Bonjour, bienvenue à la première épisode de la deuxième saison du balado Briser le silence. Je m'appelle Juliette Marcoux et je suis votre animatrice. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Marie Marcoux et Marie-Andrée Chenet. Bienvenue les filles. Vous pourriez prendre le temps peut-être de vous présenter un petit peu. Marie est une co-animatrice avec nous aujourd'hui et c'est la première fois qu'on la voit. Elle n'était pas là durant la première saison. Marie est intervenante ici à Vieux-Secours depuis avril, donc depuis peu. J'arrive ici après mon bac en travail social directement. Les autres filles ont parlé de leur féminisme pendant leur présentation. Moi, ça va être quand même cool. On dirait que je n'ai pas de... Je ne peux pas vraiment nommer exactement un moment où ça a embarqué. Je dirais que c'est là, je pense, depuis tout le temps, depuis plus jeune que je me rappelle, même au primaire. Il y avait quand même des petits trucs que j'observais et qui venaient me chercher. Voilà. Bienvenue ici. Moi, c'est ça, c'est Marie-Andrée. Je travaille social aussi à la Maison de l'Éclaircie. Pour ceux qui ne connaissent pas la Maison de l'Éclaircie, on est un organisme communautaire à Sainte-Foy qui vient en aide aux personnes qui vivent un trouble du comportement alimentaire associé à l'anorexie et à la boulimie, ainsi qu'à leurs familles et à leurs proches. C'est pour les personnes de 14 ans et plus de la région de la capitale nationale, à Palache. Bienvenue. On avait invité la Maison de l'Éclaircie, donc Marie-Andrée, à venir puisque nous, chez Vieux-Secours, on voit quand même que ça peut être une conséquence des agressions sexuelles et les troubles du comportement alimentaire. Donc, on trouvait ça pertinent d'inviter une intervenante qui s'y connaissait plus sur le sujet. Donc, on a hâte de discuter avec toi de tout ça. Je pense qu'on va pouvoir mettre les bases quand même en premier pour s'assurer qu'on comprenne tout le monde de quoi on parle. Donc, écoute, on te laisse la parole, ma chère. Effectivement. Ce qui est démontré, c'est que les personnes victimes d'agressions sexuelles, il y en a vraiment plus que dans la population générale, celles qui vivent du trouble alimentaire. Puis, ce que j'ai trouvé un peu dans la littérature, ça tournait à peu près autour de 30 % au Québec. Donc, quelqu'un qui a eu un trouble alimentaire puis qui a subi soit une agression, des abus, de la violence, c'est-à-dire un peu de tout. Donc, c'est quand même trop. Je pense que c'est vraiment pertinent qu'on en jase aujourd'hui. Mais les troubles alimentaires, c'est quoi? En fait, c'est des comportements qui sont mésadaptés envers la nourriture, le poids, l'image corporelle. Mais ça va au-delà de ça. Donc, ça vient vraiment perturber toutes les sphères de la vie de la personne, que ce soit les relations, les émotions, même la sphère du travail, tout ça. Donc, on peut dire que la nourriture, c'est un peu le symptôme de quelque chose qui ne va pas, mais il y a plein de choses en dessous. Moi, j'aime beaucoup l'image du iceberg pour parler des troubles alimentaires. Donc, souvent, on va voir qu'au-dessus de l'eau, il y a des comportements. Donc, quelqu'un qui se prive, qui va avoir des excès alimentaires, qui peut se sort entraîner, tout ça. Mais la grosse partie, c'est en dessous de l'eau. Puis là, il peut y avoir justement des traumas, des agressions sexuelles, surtout au niveau de l'estime de soi, des émotions. Donc, il y a plein de choses à travailler, pas seulement les comportements. Donc, voilà. Je ne sais pas si je voulais que je parle un peu des différents types de troubles alimentaires.– Oui, je pense que ça nous aiderait pour mettre les bases pour tout le monde, parce qu'en même, on pense que c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Donc, je pense que c'est bien clair.– De clarifier.– Oui, il y en a plusieurs types. Nous, à la Maison Léclerci, on est plus spécialisés anorexie et boulimie. Donc, c'est ces deux-là que je vais vous parler. principalement. Puis il y a aussi l'accès hyperphagique, aussi appelé hyperphagie boulimie, que je vais vous parler parce qu'il y a quand même un lien avec les agressions sexuelles et c'est le trouble alimentaire le plus répandu dans la population. Pour commencer, l'anorexie, c'est celle-là qu'on entend un petit peu plus parler. C'est vraiment de se priver, de manger en dessous de ses besoins. Donc la personne va contrôler son alimentation, toujours dans le but de perdre du poids ou de contrôler son poids. Donc généralement, c'est ça, il y a un calcul des calories, des portions sur des repas, coupes des groupes d'aliments. Puis il peut y avoir aussi des comportements compensatoires qu'on appelle, donc je compense ce que j'ai mangé en me sous-entraînant. Il peut y avoir justement des vomissements, des laxatifs, il y a toutes sortes de comportements. Donc généralement, la personne va perdre du poids. Puis là, il va y avoir des conséquences bien sûr. Mais il faut faire attention avec l'indicateur du poids parce que souvent, si on s'imagine quelqu'un qui vit de l'anorexie qui est très mince ou en sous-poids, mais ça se vit vraiment à tous les poids. Donc quelqu'un peut être dans un poids d'un IMCD régulier ou même dans un corps gros puis souffrir d'anorexie. Donc voilà pour ça. La boulimie, c'est vraiment très semblable à l'anorexie. Fait qu'il y a la même obsession de contrôler le poids, de perdre du poids, de contrôler son alimentation. Mais là, la personne va glisser vers des excès alimentaires. Donc c'est de manger de grandes quantités d'aliments en peu de temps. Fait que c'est souvent des aliments que la personne va s'interdire. Fait que c'est plus gras, sucré, très goûteux. Puis il y a vraiment une perte de contrôle. Fait que c'est pas manger une rangée de biscuits en soirée. C'est vraiment plus des grandes quantités. Puis après ça, la personne, elle se sent vraiment coupable, honteuse. Il va avoir vraiment une grande détresse après. Puis il va avoir des comportements compensatoires. Fait que la personne, pour éliminer les calories qu'elle vient de manger, elle peut se faire vomir, mais ça peut être l'exercice physique. Il y a d'autres compensations. Fait que l'anorexie et la boulimie, c'est un continuum. Les personnes, elles peuvent bouger là-dedans parce qu'être en privation constamment, c'est difficile pour le corps, pour le mental. Fait que les crises peuvent arriver. Puis quand on parle plus d'excès hyperphagique, là on est un peu dans un autre spectre, mais on peut quand même glisser dans ces différents troubles. Mais on va être plus à vivre des excès alimentaires, donc des crises hyperphagiques. Fait que manger, encore une fois, des grandes quantités d'aliments en peu de temps, perdre le contrôle. Mais il n'y aura pas de compensatoire par la suite. Fait que ça va être souvent des gens qui vont faire des régimes à répétition, donc qui vont avoir un poids yo-yo, vont perdre-prendre. Puis au fil du temps, vont plutôt avoir un poids qui va augmenter à cause des crises de boulimie, d'excès alimentaire. Puis les crises vont souvent être plus déclenchées par les émotions. D'où le lien un peu avec les traumas et les agressions sexuelles. C'est un type de personne que ça va quand même être fréquent, parce que la nourriture va donner un certain refuge, façon d'apaiser des émotions. Donc, voilà pour un peu ces trois catégories de trauma alimentaire. C'est des cases, puis on peut se promener. On peut être en certaines cases aussi, c'est nuancé. Mais c'est ce qu'on voit principalement à l'éclaircie. Puis pour les gens qui vivent plus l'excès hyperphagique, nous on va les référer, parce que nos services ne sont pas adaptés.– J'avais une petite question. On voit beaucoup ces temps-ci, il y a une bonne mode de marathon, de triathlon, de Ironman, de régime quand même assez intense. C'est ça, sur les réseaux sociaux, on voit beaucoup la promotion de ça, parce que les influenceurs le font. Je me demandais si c'était quelque chose aussi qui pourrait, la ligne pourrait se dépasser, puis tomber peut-être dans une catégorie plus du trouble du comportement alimentaire, parce que c'est quand même strict, puis c'est exigeant pour les personnes qui participent.– Oui. Effectivement, il y a beaucoup de choses qui sont valorisées par la société, que ce soit l'entraînement, mais aussi la minceur, de bien manger, tout ça. Donc, par exemple, quelqu'un qui est là-dedans dans le triathlon, il n'a pas nécessairement un trouble alimentaire, mais ça dépend tout le temps de, est-ce qu'il y a de la souffrance derrière, est-ce qu'on a glissé vers une obsession. Généralement, on est tous préoccupés par notre appétit, notre appétit de la nourriture, notre appétit de la nourriture, notre appétit de l'alimentation. l'apparence, ce qu'on mange, notre poids, à certains degrés, mais une personne qui vit un trouble alimentaire va vraiment glisser vers l'obsession, ça va devenir le centre de sa vie et ça va affecter toutes ses autres sphères. Donc par exemple, ce matin quand je me suis habillée, j'étais préoccupée de comment j'allais m'habiller pour le podcast d'aujourd'hui, j'ai regardé mes vêtements, j'ai pris le temps de choisir, je me suis regardée dans le miroir, j'ai pris une décision, je me suis dit parfait, je pars, je suis confiante avec ce que j'ai choisi, mais quelqu'un par exemple qui est dans une obsession, il aurait pensé plusieurs jours avant, il aurait essayé toute sa garde-robe, il aurait dit il n'y a rien qui me fait, j'ai l'air trop grosse là-dedans, ça ne marche pas, puis là il aurait finalement fait un choix, mais tout le long de la journée, surtout durant le podcast, j'aurais pensé que je n'aurais pas dû choisir ça. J'aurais été envahie par toutes mes pensées jusqu'à temps que le podcast soit terminé. Donc là, on parle plus d'une obsession parce que je serai moins concentrée, moins confiante, ça peut jouer sur mes relations, tout ça. C'est un peu la même chose avec le poids, l'image, la nourriture, donc généralement quand on mange un repas, on mange un repas, est-ce qu'il est bon, on est content, mais après ça on passe à d'autres choses, mais quelqu'un qui a une trouble alimentaire va toujours penser à ses camps, à son prochain repas, ce que je viens de manger, ce que je n'aurais pas dû manger, planifier, de dire si je vais au resto, il faut que je mange moins aujourd'hui, donc il va vraiment être dans une obsession, puis il peut aussi perdre des amis, puis aller au resto, puis aller dans les repas de famille, s'isoler, il y en a aussi qui peuvent changer de travail pour avoir quelque chose de plus actif, donc ça va vraiment influencer toutes les sphères, ça devient le centre. Donc c'est un peu la différence, mais c'est sûr que les réseaux sociaux dans le monde auquel on vit, ça prend de la place, puis c'est pas nécessairement le déclencheur d'un trouble alimentaire chez quelqu'un, mais c'est comme un environnement qui va être propensé, selon ce que je consomme sur les réseaux sociaux, ça peut m'amener vers des pratiques, des comportements malsains pour moi. C'est parce que j'ai amené ça justement, parce que récemment, il y avait beaucoup, beaucoup, beaucoup d'influenceurs que j'ai suivis autour de moi, puis je me suis mis à m'en sentir mal, de pas autant m'entraîner, donc il a fallu que je fasse un petit ménage, c'est-à-dire qu'en fait, ouf, là, c'est correct, ils peuvent le faire, mais c'était comme rendu trop, on dirait, de je mange telle portion, je fais telle chose, je vais courir telle distance, tout ça, c'était quand même beaucoup, fait que je peux comprendre que pour certaines personnes, ça peut être aussi difficile, parce que même moi, il a fallu que je fasse un petit ménage. Oui, si on pense à l'algorithme aussi, à force de regarder ce contenu-là, puis de se faire répéter, je peux comprendre aussi que ça vient vraiment travailler puis influencer le, la personne, puis un moyen de, justement, si c'est déjà une obsession, que ça le soit, tu sais, en tout temps, tout temps, tout temps, tout temps, là, fait que... Oui, parce qu'à chaque fois que je regarde mon cellulaire, en fait, c'est ce que je vais voir, parce que mon algorithme a été entraîné à ça, fait qu'effectivement, on les invite souvent, les personnes que je vois, à dire, bien, comment tu te sens avant, pendant, puis après, tu sais, les réseaux sociaux? Sents-tu que ça te nuit, ça te fait du bien? Généralement, la réponse, c'est je me sens pas bien, puis ça me nuit, ou ça a augmenté mes pensées, ma culpabilité. Il y a beaucoup de comparaisons sur les réseaux sociaux. Absolument. Fait que déjà, de faire le ménage, justement, puis de suivre des gens ou des comptes d'animaux, tu sais, qui nous font rire, qui nous font du bien, bien, ça peut aider à quelqu'un dans son rétablissement, là, si ça prend beaucoup de place, là. Oui, merci. Ça répond quand même à ma question, j'avais hâte de discuter avec toi de tout ça. Fait que moi, ça m'éclaire quand même sur les bases, je sais pas si, Marie, t'avais des questions, j'ai comme... Non, c'est bon. C'est bien correct, je pense que, tu sais, pour les bases, ça replace bien, là, après, on pourrait en parler pour faire un épisode, faire un podcast là-dessus, mais je pense qu'il y a beaucoup de choses, mais pour les bases, c'est bon. C'est bon. Sinon, tu sais, on parlait tantôt, bon, que ça pouvait être une cause, les agressions sexuelles, des troubles du comportement alimentaire, mais j'imagine qu'il y a d'autres causes aussi, là. Donc, je sais pas si tu pouvais nous en parler un petit peu pour qu'on puisse bien comprendre. C'est vraiment une problématique qui est multifactorielle, donc, il y a une multitude d'histoires de comment ça s'est développé, mais il n'y a jamais juste seulement un élément. Donc, on les divise en, il y a les facteurs pré-disposants, fait qu'il y a des personnes, malheureusement, qui sont plus vulnérables à développer un trouble alimentaire, ils ont comme le terreau fertile, fait que ça se voit au niveau psychologique, par exemple, pour les tendances anxieuses. Parfait. difficulté à gérer les émotions, et il y a même des choses au niveau biologique, puis il y a tout le social aussi qu'on vient de parler un peu avec la société qui valorise la minceur, les réseaux sociaux tout ça. Puis ensuite on a les facteurs précipitants, c'est les déclencheurs en gros, donc personne peut avoir un déclencheur comme par exemple une agression sexuelle, mais ça peut être un mélange de plein d'affaires aussi. Des choses aussi banales, un commentaire sur mon poids, de l'intimidation, ça peut être un déclencheur, une perte de poids non volontaire. Des fois on le voit par exemple chez quelqu'un qui s'est fait faire les dents de sagesse, puis là ça vire comme mal, puis pendant une semaine, deux semaines, il est à la diète liquide, puis il y a une perte de poids dû à... parce que c'est moins alimenté, puis il reçoit un commentaire de ça te va bien de perdre un peu de poids, puis là ça embarque, parce que la personne va se dire je peux pas reprendre mon poids, les gens m'aiment mieux comme ça, donc là je commence à moins manger, puis bon, tous les comportements peuvent embarquer. Ça, ça peut être un déclencheur qui est quand même banal, mais qui dans l'histoire de la personne peut faire en sorte que le trouble alimentaire s'installe. Banal, mais pas aussi banal que ça. Exact. Les commentaires sur le poids, on parle de violence aussi dans les couples, entre partenaires, de se faire critiquer son corps, ça peut être un déclencheur. Puis bon, il y a des aspects aussi, encore une fois, social. Des fois ça peut être une séparation, un deuil, un conflit familial, personne à rentrer dans les comportements du trouble alimentaire pour pallier à tout ça. Puis après ça, on a les facteurs de maintien. Donc, qu'est-ce qui fait qu'une personne va maintenir les comportements, rester dans la problématique, mais encore une fois, il y a plein d'aspects psychologiques, sociaux, biologiques aussi. Mais moi, je vois plus les agressions, les traumas dans les déclencheurs. Ce que j'entends, on dirait beaucoup, c'est que c'est une recherche de contrôle de la part de la personne qui a un trouble, puis ça fait quand même un parallèle beaucoup avec nous, au niveau des agressions sexuelles, parce qu'on dit souvent que c'est une perte de contrôle de la victime. Il y a une prise de contrôle de la part de l'agresseur, puis tout le monde est à la recherche de reprendre ce contrôle-là. Je peux voir comment ça peut se transposer dans le trouble alimentaire. Donc, ils contrôlent dans le fond leur image. Ça leur donne une fausse impression, parce qu'en fait, c'est quand même malsain de faire ça, mais d'avoir le contrôle sur leur propre corps, ce qu'ils n'ont pas eu durant les agressions. C'est comme un petit parallèle que je peux sentir à travers les deux. Effectivement, on le voit beaucoup. D'avoir le contrôle sur son corps, mais son alimentation, c'est moi qui fais les choix. Puis il y a une valorisation aussi, je réussis quelque chose. J'ai le contrôle, je ne perds pas, ça marche. Parfois, en plus, c'est valorisé par les autres. Ça, oui, c'est un beau lien à faire. Puis c'est toujours les comportements. Personne n'adopte des comportements malsains pour soi, pour rien. Ça répond toujours à un besoin, ça a une fonction, des bénéfices. Avec le trouble alimentaire, c'est la même chose. C'est de contrôler mon alimentation ou au contraire, étant en perte de contrôle avec mon alimentation, c'est que ça m'amène quelque chose. C'est sûr que quand on a vécu une agression sexuelle, des besoins non répandus, des blessures, on en a. Puis là, les comportements peuvent venir à paix, c'est sûr. Je pense que ça amène aussi un mythe par rapport aux agressions sexuelles. Aussi, les femmes qui vont décider de changer leur apparence ou qui vont venir reprendre le contrôle avec l'alimentation, c'est comme de sortir, justement, c'est un type de personne qui vit les agressions. Si je modifie mon corps, c'est une protection, comme ça ne m'arrivera pas si je ne suis pas belle, je ne réponds pas aux critères. C'est une manière de se protéger aussi. Oui, puis on le voit dans les deux spectres de ne pas le perdre ou ne le prendre pas, tandis que ça va être plus. Tout ça, c'est inconscient. La personne ne se dit pas demain matin, je commence tel comportement à cause de telle chose. C'est vraiment inconscient. Mais d'être dans un corps très maigre, je n'ai pas mes formes de femme. Je suis moins attirante, je suis moins objet de désir. C'est une façon de me protéger. Ou au contraire, en prenant du poids, en négligeant mon corps, je correspond moins aux critères de la société. C'est une façon aussi d'avoir un bouclier, une protection. On le voit dans les deux sens. C'est spécial parce que c'est un mythe vraiment très tenace qu'on tente tout le temps de déconstruire. Ici, des personnes viennent dans nos services, c'est entre 12 ans, il est 85 ans et plus, mais dans le sens qu'il n'y a pas d'âge, il n'y a pas de corps, il y a des enfants qui se font agresser sexuellement, ce n'est pas les formes de femmes ou quoi que ce soit. Je trouve que c'est tellement un mythe qui est ancré que ça vient jusque-là influencer notre alimentation et ce qu'on essaie de se protéger. Ça va loin ce mythe-là. Oui, mais c'est ça, c'est au même titre qu'il n'y a pas de profil de victime d'agression, qu'il n'y a pas de profil non plus d'agresseur. On joue avec ça, mais il n'y a pas de profil. Exact. Non, c'est jamais la faute. Non, jamais, c'est ça. Il n'y a pas quelque chose que tu avais sur ton corps ou quelque chose que... comment tu t'habilles ou quoi que ce soit. Donc, au même titre, peu importe comment tu te présentes, que tu sois plus mince ou que tu sois plus ronde, ça ne change rien. Si cette personne-là décide malheureusement de t'agresser sexuellement, c'est pas une protection au final, c'est un faux sentiment de sécurité. Exactement. Oui, vraiment. Oui, ce qu'on voit aussi, des fois, c'est une façon de s'autodétruire. Donc, ceux qui ont vécu un trauma ou que, c'est ça, leur croyance envers eux, leur estime de soi a été affectée, se critiquent beaucoup, se dénigrent beaucoup, bien là, les comportements de soupe alimentaire, c'est un peu une façon d'être dans l'autodestruction, d'en se punir, penser qu'on n'a pas de valeur, fait qu'on mérite ça. Ça aussi, c'est des choses qu'on peut voir ou négliger son corps. C'est sûrement que vous pouvez en parler, mais la déconnexion du corps, de « mon corps est dégueulasse » ou « je ne m'appartiens plus », fait que le trauma alimentaire peut trouver une forme là-dedans aussi. Ça va, tout ça. Effectivement, la culpabilité, c'est comme une conséquence qu'on voit, je pense, sur la majorité des personnes qui utilisent nos services, en fait. C'est là aussi, c'est ça, si tu te sens coupable, je ne vaux plus rien, ma valeur n'est plus... J'ai plus de valeur, puis tout ça. Puis on le voit beaucoup quand on vit un trauma, les croyances fondamentales sont ébranlées, donc la croyance que j'ai de la valeur, souvent, elle vient, c'est ça, être secouée. Donc, je peux comprendre comment, par rapport à notre corps, c'est comme une façon, c'est ça, de se punir, puis de se dire « de toute façon, j'ai plus de valeur, fait que pourquoi je prendrais soin de mon corps?» C'est très triste, en fait, de voir jusqu'où ça peut avoir des conséquences, je pense. Puis c'était pour ça qu'on voulait en discuter, parce que ça va quand même loin, comme conséquence.– Oui. Puis quand tu as dit de te parler de déconnexion à cause du trauma aussi, par rapport à son corps, et puis là, on a parlé aussi de reprise de pouvoir par rapport au corps, je trouve qu'il y a quand même quelque chose d'intéressant où, dans les deux cas, on tasse, je ne sais pas comment l'exprimer exactement, mais ça vient beaucoup jouer sur l'image, c'est ce qu'on a de ça, puis il estime énormément, on le voit dans nos suivis tout le temps, en fait, mais je trouve que la déconnexion est intéressante au niveau du corps. Pas intéressante, intéressante, mais c'est un concept qu'on voit quand même beaucoup.– Oui. Surtout, par exemple, en anorexie, tu sais que là, il va avoir beaucoup de symptômes physiques, c'est vraiment mal mené, son corps, quand on entre dans un état de dénutrition, souvent les personnes vont être déconnectées quand même, ils ne ressentent pas tous les symptômes, le trauma, l'agression peut accentuer ça aussi.– Je pense qu'il y a aussi toute la notion de qu'est-ce qu'il y a des émotions, puis tout ça, la régulation des émotions, c'est quelque chose qui est difficile souvent dans les personnes qui viennent dans nos bureaux, je ne sais pas si c'est quelque chose qui se transpose aussi. Tantôt, tu as dit brièvement en lien avec les émotions, je l'ai retayé, mais je ne sais pas comment ça se transpose.– Oui, le fameux « manger ses émotions », on entend ça en parler, c'est quelque chose de mauvais aussi. C'est normal, ça fait partie de la nourriture, c'est un plaisir, c'est réconfortant, c'est associé à des moments sociaux, à des traditions, tout ça, donc c'est normal que ça fasse partie de nos stratégies d'adaptation. Si je vis une émotion, je peux me retourner vers la nourriture, le fameux « je suis en pleine d'amour, puis je mange de la crème glacée ». Mais normalement, une personne qui ne vit pas nécessairement une problématique avec la nourriture va avoir aussi d'autres stratégies, parler à un ami, aller marcher, écrire, peu importe. Donc, elle a une multitude de stratégies, puis la nourriture peut faire partie de ça pour se faire du bien, pour se faire plaisir. Mais quelqu'un qui vit un... trouble alimentaire, bien là c'est comme si la nourriture, ça devient sa seule stratégie d'adaptation. Puis s'il y a des émotions vraiment intenses, c'est dû justement à un trauma d'agression, bien là ça demande parfois de grandes quantités de nourriture pour être capable d'apaiser ça. C'est comme je disais tantôt, c'est soit en boulimie, on a que c'est hyperfagique, la nourriture va devenir comme un réconfort. Donc là c'est ça, ça engendre une problématique parce que généralement les excès, les pertes de contrôle vont toujours augmenter puis s'accentuer. Puis là c'est pas bon pour le corps, mais aussi psychologiquement après un excès, on se sent pas bien et tout ça. Mais oui, ça peut être une façon de gérer ses émotions ou quelqu'un qui a de la misère à s'exprimer aussi, à s'affirmer, qui subit beaucoup les choses, bien là la nourriture ça peut être une façon de geler tout ça, de tout rentrer ça en dedans. Ça aussi on le voit beaucoup, c'est de travailler sa relation avec les émotions, de mieux comprendre comment je me sens, comment les exprimer, tout ça, mais sa relation aussi avec la nourriture. Surtout si on a été dans un mode récompense-punition avec la nourriture des fois qu'on est jeune. Oui c'est un plaisir la nourriture, mais ça devrait pas être toujours une récompense ou au contraire on me l'enlève si j'ai pas bien agi. Des fois il y a des choses à rétablir aussi avec la relation qu'on a avec la nourriture, puis la façon qu'on a été élevé. Oui c'est ça, ça part de ce qu'on a dit tantôt, qui est l'idée multifactorielle, mais on peut partir de très loin au niveau de comment c'est ça, si ça allait être utilisé pour nous punir ou quoi que ce soit. Comme tu as dit, je vois la multitude de facteurs qu'il peut y avoir et c'est quand même, c'est complexe. On entend parler, c'est ça, du comportement alimentaire tout le temps, brièvement, mais quand on regarde ça comme la big picture, on dirait que je me rends compte que c'est vraiment multicouche et que ça peut vraiment passer de loin, puis qu'il y a des éléments qui sont à travailler, comme tu dis, si ça allait être utilisé dans l'enfance comme punition ou comme récompense, ça part tellement de loin, puis c'est tellement pas de la faute de la personne, c'est juste de la façon qu'elle a développé sa relation avec la nourriture, mais c'est certain que nous, quand on travaille la régulation des émotions, puis le travail des émotions, puis qu'il y a des femmes qui nous parlent qu'elles peuvent compenser avec la nourriture, nous ce qu'on fait souvent, c'est qu'on réfère à des organismes comme vous pour les accompagner, puis après ça, on travaille dans le concret à comment vivre ces émotions, les ressentir, les nommer, puis les accepter, mais c'est quand même un long travail à faire dans le temps, c'est pour ça aussi que de ce que je vois, les troubles alimentaires, c'est quand même quelque chose qui peut rester longtemps. Les symptômes peuvent être présents longtemps dans la vie d'une personne, parce qu'il y a tellement de choses à travailler en dessous de ça, que ce soit à l'enfance, que ce soit un trauma comme ils ont vécu ici, je pense que ça peut quand même malheureusement perdurer dans le temps, ces comportements-là. Mais c'est vrai que c'est complexe, il y a beaucoup de choses des fois à aborder, c'est pour ça que nous, on travaille beaucoup en psychosocial ou quelqu'un pourrait aller faire une psychothérapie, mais aussi les nutritionnistes sont vraiment importantes dans le suivi pour justement aller travailler les comportements, parce qu'il faut comme travailler les deux, on ne peut pas juste parler de ce qui ne va pas de nos émotions, il faut aussi un moment donné se mettre en action, puis recommencer à manger ou travailler ses excès alimentaires, tout ça. La nutritionniste peut aider à ce côté-là, puis la relation avec l'alimentation, d'hémitier toutes sortes de croyances sur les mauvais aliments, puis justement le corps, le poids, on a beaucoup de choses à rétablir au niveau des croyances. Donc généralement, oui, ça prend du temps, mais c'est possible de se rétablir des troubles alimentaires, ça c'est super important, c'est possible, c'est juste qu'il ne faut pas se donner à dire dans six mois, ça va être réglé, il faut se donner le temps. C'est un peu comme les femmes ici. J'allais dire, c'est au même titre, il n'y a pas de chemin droit, linéaire, parfait, ça va prendre tant de temps, c'est prédéfini, il faut vraiment prendre le temps de regarder chaque élément, puis d'aller à son rythme aussi, il ne faut pas aller plus vite. Souvent quand les personnes arrivent dans nos services, elles sont exigeantes, puis elles veulent que ça aille vite, puis que ça se règle, puis on est dans une société aussi que ça va vite, puis souvent on se fait dire là, tu reviens-en de cette situation-là, il faut que tu fermes la porte et tout. Je trouve toujours que c'est quelque chose qui est à travailler rapidement dans les suivis, parce que justement, tu arrives avec cette pression-là qu'il faut que ça soit réglé top chrono. Dans cinq rencontres, c'est terminé. C'est ça qui est des fois, qui peut être difficile aussi pour les personnes qui utilisent les services, c'est de comprendre qu'il n'y a pas de vitesse, de croisière, on n'a pas toute la même. Fait que c'est de prendre notre temps et d'être à l'écoute aussi, parce que c'est comme j'ai dit tantôt, c'est quand même multifactoriel cette situation-là, le trouble alimentaire. Puis le rétablissement, ce n'est pas une performance, au contraire, c'est le désapprendre tout ça. Généralement, nous ce qu'on voit beaucoup dans les troubles alimentaires, c'est beaucoup de déni et d'ambivalence. C'est pour ça que ça peut être long le début, avant d'aller chercher de l'aide ou de reconnaître la problématique, parce que je suis confortable dans mes comportements. Surtout quand il n'y a pas d'excès alimentaire, de crise de boulimie ou du par phagie, quand la personne est plus en contrôle, elle s'envalorise, ça marche ses affaires, donc c'est plus les proches qui vont s'inquiéter, qui vont sonner l'alarme, mais la personne ne va pas nécessairement vouloir demander de l'aide. Ça prend un certain temps, il faut qu'il y ait des conséquences du trouble alimentaire pour que la balance change de côté et qu'il demande de l'aide. Même quand il demande de l'aide, il peut y avoir beaucoup de minimisation de leur situation, où l'ambivalence est très présente parce que le cœur du trouble alimentaire, c'est la peur de prendre du poids dans l'anorexie et en boulimie, le rétablissement c'est synonyme à ça, il va falloir que je recommence à manger, je vais prendre du poids, la peur est tellement grande que des fois ils vont reculer, il faut y aller très tranquillement au début, faire beaucoup de motivation, comprendre le trouble alimentaire, ce serait quoi mes avantages à changer, à sortir de ça, ça c'est une grosse partie, c'est souvent difficile pour les familles, les proches, qu'ils sont comme, il faudrait que ça change, ça n'a plus de bon sens, je ne sais pas si vous aussi vous rencontrez ça, beaucoup de méfiance au début d'un suivi ou du temps avant que la personne consulte. Ça peut arriver, il y a tellement de profils quand même, on en voit dans notre première saison, on a reçu dans un épisode des experts de VQ, ça a quand même pris plusieurs années avant qu'ils viennent chercher de l'aide parce qu'ils n'ont pas eu le choix, ils étaient face aux conséquences, c'est ça, les coûts étaient rendus trop importants dans leur vie pour continuer sans l'aborder, puis autant qu'il y a des femmes qui arrivent et qui sont vraiment prêtes aussi à en parler, ça dépend vraiment, je ne sais pas ce que... Oui, je vais dans le même sens que toi aussi, puis autant je pense qu'il y a des femmes qui vont peut-être, on voit ça, des fois qui ont fait un premier suivi, c'était pas nécessairement le temps, peut-être qu'on était, le cheminement au niveau de ce qui est arrivé était peut-être, on était peut-être pas rendu à ça, puis ils vont revenir pour un deuxième suivi, puis c'est, on a deux opposés, je vais dire, mais je pense que tout est... il n'y a méfiance pas tant, parce que c'est quand même volontaire aussi qu'ils viennent chercher les services, ça fait que ça aide assurément, mais on le voit, là. Ce n'est pas un long chemin tranquille. C'est souvent ce que je dis, c'est que d'avoir des creux, des creux de vagues un petit peu, puis après ça, on remonte, mais quand on est bien outillé, qu'on est venu chercher les services, bien c'est moins, les creux de vagues sont moins longs, puis c'est plus facile, tu sais, de s'en sortir. Par contre, moi, dans ton discours, ce que j'ai vu qui nous ressemblait, c'est que nous aussi, on voit des proches, puis que par moment, les proches, ils veulent comme vraiment beaucoup, puis il faut que ça aille mieux, puis comment ça, ça ne va pas mieux. Il y a aussi du travail à faire aussi auprès des familles, vraiment beaucoup de sensibilisation, puis d'expliquer vraiment c'est quoi la problématique, parce que c'est ça, on s'attend à ce que, bien là, ça fait deux mois, il faudrait que ça aille mieux, mais dans les faits, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Je ne sais pas si vous, vous voyez les proches en rencontre? Oui, bien moi, je m'occupe entre autres du volet pour les familles, les parents, puis effectivement, beaucoup, ils ont un besoin aussi, ils souffrent de la problématique. Souvent, moi, j'aime dire que le trouble alimentaire, c'est comme un étranger qui débarque dans une famille, puis qui fout le bordel, parce que tout le monde est impacté, puis ça affecte la personnalité de la personne, elle devient plus irritable, elle peut vouloir contrôler aussi l'épicerie, les recettes, être intransigeante aussi, on ne devrait pas acheter telle affaire, mais telle affaire, donc il y a toutes sortes de comportements, puis les membres de la famille voient la personne aussi se dégrader. Généralement, c'est ça, ils vont nous contacter pour savoir un peu quoi faire, qu'est-ce que je dois dire, qu'est-ce que je ne dois pas dire, quelles interventions dois-je faire, parce qu'il y a quand même un côté de la problématique qui a des impacts physiques, donc parfois, les jeunes ou moins jeunes doivent-ils rentrer dans les milieux hospitaliers hospitalier, est hospitalisé, donc ça c'est sûr que c'est important que le parent ou le proche soit un petit peu plus cadrant, des fois amène la personne consulter parce qu'il peut avoir des conséquences graves mais quand la personne est stable, c'est sûr que la posture du proche c'est plus dans un respect du rythme, dans un accompagnement, puis essayer de aller voir les leviers tranquillement, pas vite, se faire un peu de motivation, c'est sûr qu'il y a beaucoup d'impuissances vécues par les familles parce qu'ils n'ont pas la paquette magique, ils n'ont pas la solution. Le respect du rythme est important mais il peut être difficile pour c'est la personne qui n'a pas le contrôle sur le rythme, c'est pas nécessairement le rythme souhaité, on voit ça nous aussi, je pense, les proches voudraient qu'on règle ça rapidement puis que là, il me semble, on entend ça des fois, ça fait longtemps qu'on en parle, mais justement le chemin est différent pour tout, il faut y aller encore une fois au rythme de la personne mais on ressent la détresse chez les proches. Puis souvent, c'est pas mal intentionné, ils voient leurs proches souffrir, c'est vraiment dans le but qu'il faut que ça aille mieux parce qu'ils ont de la difficulté à voir, c'est ça, un être cher qui ne file pas. Mais au final, c'est ça, des fois, pour rectifier un petit peu le tir, on a fait un épisode dans la saison 1 par rapport aux attitudes aidantes puis nuisibles, puis c'est ça qu'on a dit, c'est souvent ça, ça part pas d'un mauvais fond, mais il faut faire attention quand même à ce qu'on dit puis comment qu'on traite ça, mais encore une fois, des fois, c'est la première fois qu'on est face à une situation comme ça, fait qu'on est démuni, c'est là que c'est important d'aller chercher l'aide puis de savoir que ça existe autant chez vous que chez nous s'il y a quoi que ce soit, je crois. C'est normal, si je suis un parent, je n'ai aucune idée de c'est quoi le trouble alimentaire, quand on devient parent, on n'a pas un livre qui nous explique toutes les problématiques d'un parent. Fait que de prendre le temps de justement s'informer, s'outiller, d'appeler par exemple à la maison d'éclaircie ou d'autres ressources pour bien comprendre ce que je fais, fasse puis tranquillement développer des nouvelles compétences, une nouvelle façon d'être. Fait que ça, ça demande du temps, ça demande aussi de la bienveillance, on ne peut pas se taper sur la tête parce qu'on a fait des mauvaises interventions par le passé, on n'était pas sensibilisés, on n'était pas au courant, tout ça. Donc, je pense que leur responsabilité, c'est de s'informer puis d'apprendre un peu quoi faire, quoi pas faire. Donc, généralement, par rapport au trouble alimentaire, c'est qu'on ne veut pas parler de nourriture ou de poids. On essaie d'éviter ces sujets-là pour ne pas alimenter l'obsession de la personne. Fait que ne pas commenter le poids de la personne, mais aussi son poids, le poids des autres. Des fois, on regarde une série puis on va dire « Ah, cette actrice-là a perdu du poids, ça lui fait bien.» Quelqu'un qui a un trouble alimentaire intercepte toutes ces affaires-là. Oui, c'est ça, on l'a bien entendu. Donc, si c'est elle, ça lui fait bien de perdre du poids, bien moi aussi, il faut que j'en perde. Donc, tout ça, on essaie d'éliminer ces sujets-là où elle est bonne, les mauvais aliments, les cochonneries, si on peut arrêter de dire ça, les questions qu'on appelle ça les aliments-plaisir. Donc, c'est tout dans la façon de parler de l'alimentation, puis du poids, de l'image, ça peut aider à avoir comme un environnement, c'est ça, qui favorise le développement d'une relation avec l'alimentation puis le corps positif. Puis sinon, selon notre relation, puis l'âge de la personne, bien des fois, il y a des petites attitudes-là à faire à table aussi qui peuvent aider. Donc, ça dépend parce que la personne est adulte, elle vient manger avec nous une fois par semaine, ou c'est mon enfant qui a 15 ans puis c'est moi qui le nourris, donc là, ça change. Mais si jamais il y a des proches qui écoutent, d'appeler dans les ressources pour justement être bien orienté comment intervenir, c'est important. Puis ça fait une différence. On le voit, il y a des gens qui ont un environnement soutenant, puis il y en a d'autres, malheureusement, qui ont vécu un trouble alimentaire, puis qui sont tout seuls, où leur environnement n'est pas soutenant, puis ça donne un bon coup de pouce dans le rétablissement d'avoir des gens autour, juste à qui parler, qu'on sait qu'ils sont là pour nous encourager, qu'ils nous aiment. Juste construire le lien de confiance. Des fois, les parents disent « il me semble que je ne fais rien, non ». C'est super important de communiquer, d'avoir une bonne relation. Ça fait que ça aussi, ça fait partie des attitudes aidantes. Clairement, de référer à la bonne ressource, j'arrive bien, parce qu'il ne faut pas se mettre la pression d'avoir toutes les bonnes attitudes, de savoir tout le temps à quoi répondre, puis d'être full préparé, peu importe ce que l'autre personne va nous apporter. Je pense que de référer, quand on ne sait pas, à connaître les organismes qui ont le service, ça peut grandement aider. Au même titre que nous aussi, même quand on parle des attitudes aidantes ou qui sont moindantes, on ne redonne pas toute la responsabilité. au prochain non plus. Je pense que c'est important, d'autant plus qu'au niveau de la société, le discours qu'on entend souvent, c'est beaucoup par rapport au poids. Fait qu'il ne faut pas se mettre cette pression-là de rattraper tout ce qu'il dit. Ça peut être gros quand même. Puis là, j'ai entendu d'appeler la maison Léclercie, s'il y a quoi que c'est ça. Mais est-ce qu'il y a d'autres sources que les gens peuvent appeler pour s'outiller et être plus au courant? Oui, il y a aussi ANEB, Anorexie Boulimie Québec, qui ont une ligne d'écoute, clavardage, toutes sortes de services. Puis c'est pour toute la province de Québec. Donc, les proches et les personnes qui vivent la problématique peuvent les contacter. Sinon, c'est sûr que nous, à Léclercie, on est plus Région de Québec-Château-Rapalache. Puis on a nos heures d'ouverture, tandis qu'ANEB, ils ont une ligne d'écoute, je ne sais pas si elle est 24-7, mais c'est un petit peu plus large que la nôtre. Ça fait que ça qui est comme là, en tout temps, pour accompagner, presque, on espère en tout temps, on n'en sait pas trop. C'est 24 heures, mais qui est quand même là en soutien. Puis sinon, c'est ça, les gens peuvent appeler directement chez vous, de ce que je comprends, pour avoir des services, quoi que ce soit. Je ne sais pas trop comment ça fonctionne, je n'ai jamais... Oui, bien nous, on n'a pas besoin de référence, par exemple d'un médecin ou tout ça. La personne à l'appel, où on a un clavardage aussi, elle va faire ce qu'on appelle une demande d'aide. Elle va répondre à quelques questions, un cours d'épistage, pour s'assurer qu'on ne planifie pas une première rencontre avec quelqu'un qui ne correspond pas à nos services. Donc, c'est ça. Suite à ce cours d'appel-là, il y a une rencontre initiale, donc c'est l'évaluation, avec une intervenante, de voir vraiment la situation, elle ressemble à quoi, est-ce qu'on peut être la bonne ressource. Généralement, c'est si par exemple la personne est plus dans un profil d'accès hyperphagique, on va référer. Mais si la personne, on est inquiet pour sa santé physique aussi, ça peut être un motif de référence. Donc là, on va être plus en centre de pédopsychiatrie ou le programme à l'adulte, qui s'appelle l'Hôpital à Québec. Donc eux, ils ont des équipes médicales, tandis qu'à l'Éclaircie, on n'a pas d'équipe médicale. Puis je ne suis pas médecin, donc on a des limites. Sinon, si on sent que nos services peuvent être appropriés pour la personne, on l'a inscrit dans notre groupe. Donc nous, on offre un groupe de 15 semaines. C'est un groupe fermé, donc on est la même petite gang pendant 15 semaines. Puis ça ajoute à ça aussi des suivis individuels, tant en psychosociale qu'en nutrition. Donc généralement, la personne peut faire un bon bout de chemin avec nous, on a aussi d'autres services à côté, des groupes optionnels, des groupes ouverts, des différents projets. Donc si la personne veut s'impliquer, il y a plein de choses qu'elle peut faire à l'Éclaircie aussi. Puis pour les proches, c'est la même chose. Il y a des groupes ouverts, puis il y a des suivis aussi individuels avec une intervenante pour les outiller, puis leur offrir aussi un lieu de pouvoir ventiler et de sortir toute cette impuissance-là, cette frustration-là, toutes leurs inquiétudes. On prend le temps de regarder ça parce que c'est challengeant quand même d'être confronté. C'est trois fois par jour que je suis confrontée aux symptômes du trouble alimentaire, à tous les repas. Donc si mon enfant a un trouble alimentaire, tous les repas sont difficiles, ou même les collations. Puis les comportements sont quand même difficiles. Je peux voir la personne se surentraîner, je peux l'entendre vomir, donc ça crée quand même loin de souffrance pour les parents, les proches aussi autour. Fait que ne pas hésiter à appeler.– Merci beaucoup. Moi, ça a répondu à la foule de mes questions. Je ne sais pas si Marie, t'avais d'autres questions.– Je n'ai pas de questions.– Non, d'autres questions. Merci beaucoup d'être venue sur le podcast. Puis nous, on va pouvoir mettre en barre d'infos tout ce qu'elle t'a dit aussi pour que les gens puissent le diriger vers votre source s'il y a quoi que ce soit. Et merci à vous de nous avoir écoutés. On se revoit dans quelques semaines pour le prochain épisode. Merci!

People on this episode