Briser le silence
La mission de 'Briser le silence' est d'éduquer et de sensibiliser le public sur les sujets complexes liés à la violence sexuelle, au consentement, et aux dynamiques de pouvoir entre les individus.
En déconstruisant les mythes nuisibles et en donnant la parole aux femmes et aux victimes, le balado vise à aborder des sujets percutants d’une manière ouverte et divertissante.
Brisons le silence à travers ce processus d’accompagnement et de guérison de la société!
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Briser le silence
Épisode #6 - Les violences entre partenaires intimes à l'adolescence : oui ça existe!
Dans cet épisode, Juliette et Annie-Pier abordent les violences entre partenaires intimes chez les adolescents, afin de mettre en lumière cette problématique peu souvent adressée. Le contenu qui s'y retrouve est destiné non seulement aux adolescents et leurs parents, mais également à toutes personnes qui les côtoient. Les animatrices discutent de plusieurs sujets, comme la définition de la violence, les formes, la jalousie, les cyberagressions et bien plus. Bonne écoute!
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Bonjour, bienvenue à l'épisode 6 du balado Briser le silence. On est déjà au dernière épisode de ce merveilleux projet. Donc aujourd'hui, je reçois Annie-Pier qui va venir nous parler des violences entre partenaires intimes. Donc ça va être un épisode qui va être plus concentré sur les adolescents. Donc j'espère que vous allez apprécier, bonne écoute. Notre balado aborde les violences sexuelles et leurs conséquences. Il peut aussi être question de traumatismes, de violences, de suicide, de consommation, d'automutilation et autres. Cet épisode s'adresse à un public averti. Bienvenue à Briser le silence, votre balado traitant des violences sexuelles, de consentement et des dynamiques de pouvoir entre les individus. Votre animatrice, Juliette Marcoux, ainsi que ses invités, échangeront sur ces réalités qui concernent l'ensemble de la population. Merci d'être à l'écoute. Ensemble, brisons le silence. Bonjour, bienvenue au sixième et dernier épisode du balado Briser le silence. Je m'appelle Juliette Marcoux et je suis votre animatrice. Aujourd'hui, je suis en compagnie de ma superbe collègue et co-animatrice Anne-Pierre. Bonjour! Bonjour Juliette, je suis contente d'être là. Fébrile, mais contente! C'est normal. Je pense qu'on l'a toutes dit à un moment ou à un autre dans l'enregistrement. C'est stressant. C'est stressant. On n'a jamais vraiment fait ça, mais ça va être une belle conversation, j'ai l'impression. Absolument. Est-ce que tu veux prendre le temps d'un petit peu te présenter, dire en quoi t'a étudié, tout ça? Bien sûr. Je m'appelle Anne-Pierre. Je travaille chez Viol-Secours depuis un peu plus qu'un an. Je suis dans l'équipe jeunesse. J'ai fait mon bac en psycho à l'Université Laval, puis j'achève mon certificat en santé sexuelle. La clientèle jeunesse, autant enfance, adolescence m'a toujours vraiment beaucoup intéressée. Donc c'est ça un peu qui a mené à mon emploi ici, puis la cause des violences sexuelles évidemment. Bienvenue, ma chère. Aujourd'hui, on a quand même un sujet qui est relié à... je dirais pas expertise, mais plus dans la... Avec les gens avec qui je travaille. Exactement, fait que c'est pour ça que ça faisait du sens que tu sois avec nous aujourd'hui. On trouvait que c'était important, pertinent de parler de la violence entre partenaires intimes chez les ados. Oui, c'est quelque chose que c'est abordé, mais pas tant que ça. On en parle moins un peu de la relance conjugale à l'âge adulte, c'est vrai. Puis moi, ça m'a étonnée quand justement j'ai commencé à travailler ici avec les suivis et tout ça, de voir à quel point il y en a vraiment beaucoup. Je dirais même que la majorité des jeunes que j'ai en suivi en ont vécu dans leurs relations passées ou dans leurs relations actuelles fait que c'est vraiment important d'en parler. Autant aux jeunes, mais aussi aux adultes qui peuvent côtoyer ces jeunes-là, parents, intervenants, profs, tsé on peut être des adultes de confiance pour eux. C'est vraiment important d'en parler. Exactement. Puis c'est normal que des fois, en tant qu'adulte, ça crée peut-être un certain malaise ou un inconfort, mais si on est au courant de comment, par exemple, répondre, réagir, les ressources qui existent, ça va rendre ça beaucoup plus facile pour vous, je crois. Absolument. Donc on se lance? On va définir. Commençons par définir. On prend la définition de l'INSPQ parce qu'elle est assez inclusive et large, mais la violence entre les partenaires intimes, ça se définit comme tout comportement qui a pour effet de compromettre le développement de l'autre jeune, l'autre partenaire, en compromettant son intégrité physique, psychologique ou bien sexuelle. Je propose qu'on les détaille les trois. Donc, c'est comme ça qu'on pourrait le définir. Pour ce qui est de l'intégrité physique, mais c'est plus qu'est-ce qu'on pense à la violence physique, qu'est-ce qu'on pourrait associer à quand on utilise la force, quand on utilise notre corps, entre autres, pour de la violence envers les objets. Parce que ça, des fois, peut-être qu'on la néglige, mais il y a aussi une escalade qui existe. Peut-être que là, je vais donner des exemples, mais je sais pas, il y a un conflit, quelqu'un prend son cellulaire, le jette au bout de ses bras, l'autre personne, son sentiment de sécurité, c'est sûr qu'il est ébranlé. Donc ça, ça serait de la violence envers les objets, mais qui menace l'intégrité physique de l'autre. Puis des fois, après ça, ce qu'on va voir, c'est après ça, la prochaine fois, bien peut-être que la violence physique va être dirigée vers la personne. Exactement. Donc ça, c'est physique. Je ne sais pas si tu as d'autres exemples. Bien, physique, moi, ce que je peux voir de ce que je me rappelle du secondaire, tsé des fois, c'est juste des petites poussées. Puis là, c'était à la joke, là, on est tout le monde en rond, puis là, il y a un copain qui pousse sa copine en avant des autres. Mais tsé, ça commence comme ça. Puis après ça, des fois, c'est un petit peu plus fort ou quoi que ce soit. Des fois, c'est banalisé un petit peu, c'est amené avec l'humour, je dirais. Mais c'est quand même grave. Oui, absolument que c'est grave. Donc, il y a ça, c'est sûr que moi aussi il y a les objets, c'est ce qu'on voit beaucoup, tsé bourrasser à côté de la personne, lancer son cartable... Un poing dans le mur aussi. Oui!
Une jeune elle m'avait dit:« Il ne m'a pas frappé, il a frappé dans le mur à côté de moi. » Là, je suis allée questionner,« Mais comment tu t'es sentie? » C'est clair.
Ce qu'elle m'avait dit, c'est:«Ben j'avais peur », exactement. Puis là, tu crains que la prochaine fois, ça soit sur toi. Il ne faut vraiment pas banaliser envers les objets ou l'environnement autour. Au niveau du physique, c'est quand même plus clair pour les gens quand on en parle. C'est plus au niveau psychologique, je pense qu'il y a des questions qui sont moins... Tsé on ne voit pas les traces de ça, c'est moins marquant, si je peux dire. Pourtant, c'est la plus répandue. Puis à l'adulte aussi, il y en a beaucoup de la violence psychologique, donc les ados n'y font pas exception. Mais vraiment, la violence psychologique, on pourrait décrire ça comme, entre autres, la manipulation, du chantage. Bouder. Bouder, oui. Ça, c'est plus des exemples concrets. Mais pour les ados, exemple, je vais bouder mon partenaire pendant une période de temps indéterminée. Le traitement du silence, tout ça, c'est de la violence psychologique. Puis l'autre personne, elle ne se sent pas bien. Puis elle va se remettre en question.« Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal? Qu'est-ce qui se passe? » Peut-être les menaces aussi qu'on voit. Exact. Tsé, des regards ou des yeux dans les airs, lever les yeux au ciel, tout ça. Tsé, je le ramène encore un petit peu en contexte de groupe, mais à l'école, par exemple, t'arrives, ton copain ne te regarde pas, ne te parle pas. Pourquoi? Tu le sais pas ce que t'as fait. Ça amène un stress, une incompréhension. On remet en question tout ce qu'on a fait dans les derniers jours, les dernières heures, puis on le sait pas. Fait que, tsé, tout cet état-là dans lequel on est, très très inconfortable. Oui, on n'est pas bien là-dedans. Non, exactement. Celle-là est vraiment répandue. Elle laisse beaucoup de traces au niveau des conséquences psychologiques. J'ai envie de dire que physique va laisser des traces, des fois physique, mais psychologique, il y a vraiment une empreinte qui se fait. Puis maintenant, on peut parler de l'intégrité sexuelle, qui est la violence sexuelle, qui est évidemment peut-être un peu plus la clientèle qu'on voit. Mais avant de définir ça, je voulais juste parler de l'âge de consentement légal. Ça serait important quand même, mais il y a certaines nuances. Il y a des nuances, il y a des nuances. Au Canada, en fait, la loi prévoit que l'âge de consentement légal sexuel, c'est 16 ans. Mais là, il y a eu des exceptions à ça, parce qu'évidemment, les jeunes, ils ont le droit d'avoir des relations sexuelles, mais ils ont prévu des écarts d'âge légaux, en fait. En bas de 12 ans, un enfant ne peut jamais consentir à une activité sexuelle. Donc, s'il est impliqué dans une activité sexuelle, ce sera automatiquement une agression sexuelle, peu importe l'écart d'âge qu'il a. Ensuite, à 12 et 13 ans, ce que la loi dit, c'est que tu as le droit d'avoir une relation sexuelle, de faire une activité sexuelle avec quelqu'un qui a moins de 2 ans à ton écart. Donc ça c'est permis, c'est légal. Ensuite, à 14-15 ans, l'écart d'âge entre les partenaires peut être de moins de 5 ans. Mais là, tout ça, c'est considérant, évidemment, le rapport d'autorité, parce que vous en avez parlé dans d'autres épisodes, le consentement, les agressions sexuelles, puis tout ça, mais le rapport d'autorité, c'est très important, la hiérarchie qu'il y a entre les personnes. Si je peux donner un exemple, mettons, je sais pas moi, une jeune de 15 ans qui est en relation avec un garçon de 18-19 ans, mais c'est bien de se questionner les intentions, peut-être, de ce garçon-là. Ça ne veut pas dire qu'il a des mauvaises intentions, mais juste, c'est quoi les motivations à être en couple avec, mettons, une jeune de 15 ans? Oui, puis tsé, pour une jeune de 15 ans, quelqu'un de 18-19 ans, c'est quand même quelqu'un, tsé, qu'on met, qu'on perçoit quand même un petit peu en autorité. Il est plus vieux que nous, il connaît plus de choses, tsé, il est plus hot, il a un standing. Il est plus hot, on le vénère un peu. Oui, exact. Fait que tsé, tout ça, c'est quand même important de se questionner par rapport à ça. Puis tsé, pour ce garçon-là de 18-19 ans, le pourquoi, peut-être, il décide d'avoir une relation avec une jeune fille de 15 ans. Oui, c'est important. Puis aussi où qu’ils se sont rencontrés, dans quel contexte? Un autre exemple, mettons, je ne sais pas moi, deux personnes qui travaillent ensemble dans la crémerie, puis il y en a un qui est ce qui est un peu supérieur, qui fait les horaires, mettons. Il a 19 ans, puis là, il invite la jeune fille de 15 ans, mettons, à aller prendre un café après. Est-ce qu'elle se sent à l'aise de dire oui? Est-ce qu'elle est confortable dans la situation? Est-ce que si je dis non, ben là, il ne va pas me donner de shift? Fait que tsé, il y a aussi toute cette notion-là à ne pas oublier dans les âges de consentement. Exact. Puis tsé, on a vu aussi des exemples avec des coachs de soccer, par exemple. Tsé, des fois, on a... 14-15, notre coach, il a quasiment le même âge que nous, 2-3 ans de plus, mais ce rapport-là aussi.
Ton coach, il va décider:« Si tu ne viens pas avec moi prendre une date, je vais t'asseoir sur le banc » ou quoi que ce soit. Il y a tout ça à prendre en considération. Absolument. Les âges de consentement légaux existent, il faut les considérer, c'est important. Oui, très important. Pour la violence sexuelle qui est faite chez les ados dans le cadre de relations intimes, on peut donner vraiment des exemples parce qu'on en voit beaucoup, parce qu'on le sait, la sexualité est en émergence à l'adolescence, c'est les premières expériences, souvent c'est les premières fois. Donc, ce qu'on voit beaucoup, en fait, en violence sexuelle chez ces jeunes-là, c'est beaucoup de pression à ces premières fois-là, des menaces, du chantage à « je veux avoir une relation sexuelle avec toi », « si t'en as pas, je t'aime plus, on va se laisser, je vais aller voir ailleurs ». Fait que tout ça, la pression à avoir des relations sexuelles, on la retrouve vraiment beaucoup dans les relations intimes à l'adolescence. Oui, puis tsé, en soi, c'est des règles non écrites, là. Je veux dire, on va dans plusieurs écoles, là, puis on discute. Puis des fois, j'ai des exemples.« Ben là, ça a l'air qu'après deux mois, il faut qu'on ait une relation sexuelle », tout ça. Puis là, je vais dans une autre école, puis c'est comme: « Là, après six mois, c'est obligatoire. » Fait que tsé, c'est des règles qu'ils ont inventées, mis en place selon les standards de l'école, les gars qui sont là... Et selon la société aussi, on a parlé de culture, de plein de choses, mais c'est un peu selon la société, on a une pression de... Ça fait longtemps, fait que là, il faut, mais non, c'est pas nécessairement comme ça. Il n'y a pas d'obligation à, il n'y a pas d'âge obligatoire, il n'y a pas de... Mais je pense que cette pression-là vient vraiment jouer sur la vision de à quel moment je dois, je veux avoir une relation sexuelle. Il y a beaucoup de pression sociale associée à ça. Oui, exactement. Puis ça m'amène un petit peu à penser à tout ce qui est le culte de la virginité. En soi, on en parle beaucoup, je pense, depuis quelques années, mais ça prend beaucoup de place, cette virginité-là. Perdre sa virginité, ça a quand même une grande place dans la vie des adolescents qui sont à la découverte de leur sexualité et tout. Il y a quelque chose d'associé, peut-être plus sacré, un petit peu, au niveau de la virginité chez les filles, dans notre culture. Pour les filles, c'est une... on met la pression que c'est une grande décision, qu'il faut prendre le bon partenaire, tandis que pour les garçons, ben, c'est une étape parmi tant d'autres. Ça amène beaucoup de pression chez la jeune fille, à ce niveau-là, de prendre... Est-ce que c'est la bonne personne? Est-ce que c'est ça? Mais au final, c'est quoi la virginité? Oui, puis là, c'est très hétéronormatif aussi comme concept, parce que la virginité, l'hymen, puis tout ça, ça implique qu'il y a eu un pénis, un vagin, une pénétration, alors qu'un couple homosexuel va absolument avoir des relations sexuelles, puis ça ne fait pas que ces personnes-là ont moins ou plus perdu leur virginité. Exact, exact. Puis quand on parle de perdre sa virginité, comme on dit, là, on entend: « On a fait les préliminaires », mais ça ne veut pas dire que j'ai perdu ma virginité parce qu'il n'y a pas eu pénétration d'un pénis dans un vagin, mais... Juste qu'on appelle ça les préliminaires. Les préliminaires, c'est avant, parce que c'est avant la relation sexuelle avec pénétration. Alors que les préliminaires, c'est de la sexualité. C'est en soi, c'est pas un avant qui n’a pas rapport. Il y a tout ce questionnement-là, puis je me souviens d'avoir posé des questions comme ça, de me dire... Dans mon entourage, il y a des couples lesbiennes, puis je me disais: « Mais eux, ils n'ont jamais perdu leur virginité, je ne comprends pas. » À 60 ans, ils n'ont jamais perdu leur virginité. Non, non.
Ça fait que là, je me disais:« Il me semble que ça ne marche pas. Ça marche pas. » Pis tsé, il y a tout ce concept-là que je me posais des questions, pis j'étais quand même jeune, là, en me disant voyons... Mais t'avais un bon jugement critique quand même, là, vraiment! On dirait qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, tsé, là-dedans. Pis je pense qu'il y a beaucoup de ça, là, cette pression-là, autour du culte de la virginité. Mais tsé, en soi, la virginité, c'est un concept qui a été créé, là. Il y a pas de je l'ai perdue, je ne l'ai plus... Pis c'est associé à la pureté aussi de la femme. Donc je pense que c'est important aussi de peut-être, tsé, je sais que c'est facile à dire comme ça, mais de s'enlever un petit peu cette pression-là, puis que pour toi, avoir une relation sexuelle, si c'est des préliminaires, comme on dit, ben c’est ça aussi, puis c'est correct. C'est une relation sexuelle, c'est valide, puis c'est correct. Il y a toutes ces notions-là aussi qui sont à déconstruire, mais pour des ados... Puis qui ont un désir de plaire, ils ont un désir d'être acceptés, ils ont un désir de créer des relations, donc c'est difficile à gérer tout ça. Puis là, si leur partenaire met une pression de faire tel acte, tel acte, j'ai envie, tout ça, mais ça se peut que ça crée des conséquences. Puis je reviens un peu à ça, mais on va dans les écoles, on fait des préventions, on se déplace, puis tout ça. Puis ce n’est pas rare que des jeunes viennent nous voir ou que les profs nous
disent, on entend souvent:« Mon chum ne m'a pas violée, mais...» Mais tsé, quand on parle de consentement enthousiaste, le consentement enthousiaste, le plaisir partagé et tout ça, mon chum n'a pas violé, mais le consentement n'était pas enthousiaste. S'il y a un mais dans cette explication-là, je sais que ça peut être
confrontant de se dire:« Il est peut-être arrivé quelque chose. » De mettre des mots dessus, c'est difficile. C’est difficile, mais s'il y a ce<i> mais-là,</i> c'est qu’en dedans de toi, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, tu te questionnes. Je le dis souvent, mais ce que tu ressens et ton ressenti, ça ne ment pas et il n'y a personne qui peut le remettre en question. Si toi, tu t'es sentie inconfortable, c'est valide et c'est vrai. Ça t’appartient. C'est ça.
Il n'y a personne qui peut te dire:« Ben non, voyons, ça n'a pas rapport », puis tout ça. Toi, si tu le ressens, c'est valide. Absolument. Fait qu'il y a aussi beaucoup de ça. Puis tsé, on est à la découverte quand on est adolescent. Oui, ben oui. On est à la recherche de ce qu'on aime, de ce qu'on n'aime pas. Puis nos relations, c'est tellement important. Les relations amicales, amoureuses, ça prend une place immense à l'adolescence. C'est central. Puis c'est ça qui rend un peu la violence entre les partenaires intimes particulière chez eux, c'est qu'ils sont tellement en découverte de soi. Puis aussi, tsé dans la famille, c'est des liens familiaux imposés, fait qu'il y avait des conflits absolument, mais le lendemain, tu te réveilles, ton frère, ta soeur est là, la vie continue. Là, c'est la première fois qu'ils sont vraiment en contact avec des gens, que c'est des relations, tsé, je dois travailler, je dois faire des efforts, quand j'ai un conflit, je dois le gérer, puis tout ça. Puis ils n'ont pas beaucoup de ressources encore, ils sont en découverte. On est en développement, puis on apprend aussi à communiquer. Tsé, tout ça, c'est comme beaucoup de choses en même temps à gérer. C'est tellement pas une période facile! L'adolescence, c'est le secondaire (rires). C'est pas facile. Non, non, c'est pas facile. Mais c'est ça, fait que ça rend la violence particulière. Puis je trouve aussi que des fois, en tant qu'adulte, on peut regarder ça et se dire:« Ah, mais c'est des relations éphémères. De toute façon, c'est pas l'homme ou la femme de sa vie, qu’ils en reviennent », mais pour eux, dans le moment présent... C'est très important. C'est tellement important. Puis la place que ça l'occupe, c'est immense. Ils sont définis... en tout cas, plusieurs se définissent par ça, par le social. La gang, tout ça, c'est très, très important. Absolument. Fait qu'il ne faut pas minimiser ce qu'ils vivent en se disant: « C’est des petites relations, c'est éphémère, c'est des enfants ». Non, les sentiments sont là et sont vrais. Je pense qu'en disant tsé minimiser, ça m'a amenée à penser un peu, quand on parle des relations qui sont plus complexes. À l'adolescence, on parle souvent de relations toxiques, on met des mots...... relations malsaines. Malsaines, oui. Puis ça vient banaliser, en fait, ce que c'est au final. Mais c'est qu'en fait, ça se peut que dans une relation, il y ait des comportements ou des actions qui ont été malsaines. Là, on n'est pas en train de dire que... une relation qui a eu un comportement malsain, c'est une relation de violence, pas du tout. C'est juste qu'on voit quand même qu'il peut y avoir une accumulation de certains facteurs qu'au final, on additionne tout ça et ça crée une relation avec la violence. C'est l'accumulation de tous ces facteurs-là.
Puis c'est vrai qu'on entend souvent:« Ah, mais c'est toxique, c'est juste toxique. » Ok, mais prenons le temps, qu'est-ce qui est toxique? Je ne me sens pas bien, je me sens menacée, je me fais manipuler. Ben là, c'est plus que de la toxicité, là. Exact, mais tsé, on a quand même été élevées avec des référents, là, où est-ce que les relations toxiques, c'est quand même très glamorisées, on s'entend. Tsé, je pense à moi, des livres que j'ai lus au secondaire, des films qui sont sortis, les livres After. C'était la grosse affaire! Je ne sais pas si je suis rendue vieille... Je ne sais pas si je suis rendue vieille! Les personnes ne connaîtront pas le référent, mais quand même! Mais la série, les films viennent de sortir! Et c'était le couple là, c'était wow! Mais j’ai relu ça à l'âge adulte... En aucun point, la relation qui est montrée est saine, est parsemée de communication bienveillante, de respect de l'autre, de rythme de l'autre... C'est vraiment pas ça. Mais en même temps, on a ça comme référent. Puis on est encore, une fois, en apprentissage puis en découverte. Là, j'ai donné un exemple de films, de livres, mais les séries aussi. Il y a tellement d'exemples de ça. Puis c'est banalisé en plus une relation toxique, c'est le bad<i> boy.</i> Tsé, il me parle, il ne me parle pas, il me regarde, il ne me regarde pas, pis ça fait le gars mystérieux, pis on aime donc bien ça, là. Oui, oui, pis tsé, je ne veux pas vendre le punch, pis il y a quand même des choses qu'on peut faire là. Les éduquer, entre autres là, pis on y reviendra plus tard, mais... C'est vraiment important qu'ils aient accès à des modèles de relations positives, saines, de relations égalitaires aussi. Mais un peu pour conclure cette partie-là, c'est que des fois, on entend beaucoup de jeunes qui vont catégoriser leur relation comme une relation malsaine, toxique. Peut-être que c'est moins confrontant d'utiliser ces mots-là que d'utiliser le mot violence. Mais une accumulation de facteurs, souvent, ce qu'on voit, ça va être une relation qui avait de la violence. Puis ces relations-là avec la violence ont des conséquences. Puis là, je leur disais tantôt un peu, mais il ne faut pas banaliser et minimiser ce qu'ils vivent parce que ça a duré juste quelques mois. Vu qu'ils sont dans une étape de développement tellement cruciale et importante, les conséquences que ça peut avoir. Il y en a beaucoup. On a qu’à penser au niveau de l'estime de soi, si on a vécu de la violence physique, psychologique, sexuelle. Ça vient jouer sur ça. Nos perceptions, on remet beaucoup de choses en question. Tout ça, fait que ça peut devenir difficile. J’amène avec ça du stress, de l'anxiété aussi là, qui peut se développer à la suite de ça. Il y en a beaucoup, je vais te laisser quand même en nommer, sinon... Oui oui, ben il y a beaucoup de troubles de comportement alimentaire aussi qu'on va voir pour, tsé, de vouloir reprendre le contrôle sur un aspect de notre vie, donc on utilise les comportements alimentaires pour ça. Sinon, de l'automutilation, on en voit énormément. Moi, on dirait que ça, je n'étais pas prête à être confrontée à autant, mais je crois que la plupart des jeunes que j'ai eus en suivi se sont automutilés à la suite d'une relation avec la violence. C'est un échappatoire. Il y a plusieurs raisons qui peuvent faire que le jeune a besoin de s'automutiler. Mais bref, tout ça pour dire que l'automutilation, c'est une conséquence que je vois énormément dans mes suivis. Aussi, l'hypersexualité, puis on en parle peut-être un petit peu moins, mais surtout, mettons, pour ce qui est des agressions sexuelles, violences sexuelles, il peut y avoir une baisse du désir chez la personne parce qu'elle se referme puis elle n'a pas envie. Mais on peut voir aussi l'inverse, qui est l'hypersexualité. Puis ça, c'est important d'en parler aussi parce que moi, les jeunes, il y en a qui
me disent:« Mais je ne me sens pas normale, pourquoi j'ai vécu ça? Puis là, j'ai envie d'avoir plusieurs relations sexuelles avec plusieurs partenaires. Qu'est-ce qui se passe? Je ne suis pas normale.» Alors que pourtant, ça fait partie des conséquences qui sont possibles. Puis, une des raisons qui pourraient justifier ça que j'ai déjà entendue également dans mes suivis, c'est une jeune, elle me dit: « Mais c'est parce que j'ai l'impression de ravoir le contrôle sur avec qui j'ai des relations sexuelles, qui je choisis, mes partenaires, quand ou comment, tout ça.» Ça faisait du bien d'avoir ce contrôle-là. Fait que l’hypersexualité, ça existe. Puis faut pas après ça aller mettre des étiquettes sur ces jeunes-là. C'est vraiment important de le comprendre que c'est une conséquence de ce qu'ils ont vécu. Tu l'as nommé, le pourquoi. Il y a quand même une jeune qui t'a expliquée la démarche en arrière de tout ça. Après ça, c'est de valider et de discuter avec cette adolescente-là pour voir:« Ok, parfait, tu utilises la sexualité, mais est-ce que tu te sens bien là-dedans? Comment qu'on peut comme... » Absolument, il faut aller questionner le besoin puis tout ça derrière. Mais tsé, ça reste quand même que c'est une conséquence que je dirais moins connue, mais qui est là et qui est importante à adresser, même si ça peut nous rendre inconfortables, puis qu'on a tendance à se rendre directement à: « Ah bon, on va étiqueter cette personne-là ». C'est beaucoup plus que ça, il faut prendre le temps, il faut s'intéresser. Puis des fois, ça leur fait du bien, parce que nous, on travaille, entre autres, avec une feuille de conséquences. Je ne sais pas comment l'équipe adulte vous l'utilisez, mais moi, avec les jeunes, je l’utilise, on la regarde ensemble, puis tsé ils soulignent, puis on parle de ce qu'ils vivent. Puis des fois, ça leur fait du bien de mettre des mots sur: « Ah, mais dans le fond, ce que je vis en ce moment, c'est une conséquence de mon vécu qui est traumatique. » Ça fait du bien, ça normalise vraiment ce qu'ils vivent. C'est vraiment important de s'asseoir avec eux et de le faire, cet exercice-là. Même si ça peut être confrontant, même si ça peut être difficile en tant qu'adulte ou intervenant autour, c'est important. Oui, c'est important. Puis là, changement de sujet. Oui? Juliette! Je te suis (rires). La jalousie pour toi. Oh mon Dieu. Est-ce une preuve d'amour? Parlons-en. Je t’aurais dit au secondaire que oui, oui. Je te dirais maintenant... non. Tsé, c'est correct dans la vie de ressentir de la jalousie, c'est une émotion, tout ça. Il y a un questionnement à avoir sur pourquoi, par exemple, je ressens de la jalousie quand mon copain discute avec une autre fille. Tsé, il y a ce questionnement-là. Par contre, quand, par exemple, ton chum te dit: « Ah non, t'as pas le droit de manger à cette table-là parce que j'aime pas ce garçon-là », puis que t’as peur des conséquences si tu vas le faire, que tu te sens obligée d'éviter une personne, que tu te sens obligée de changer ton comportement, c'est là que c'est pas correct. Il y a comme cette nuance-là, je dirais, à avoir par rapport à la jalousie.
Oui, puis moi je l'entends beaucoup:« Mais il m'aime, c'est normal qu'il soit jaloux. » Ben oui pis non, là. Discutons, on va déconstruire cette jalousie-là. Mais souvent, comme je trouve que tu l'as bien dit, c'est plus qu'est-ce qui arrive si la jalousie prend trop de place? Est-ce que t’as peur pour ta sécurité? Est-ce que t’as peur pour ton intégrité, ce qu’il va faire?
Moi, les jeunes, ils me disent:« Je n’ai pas le droit d'avoir des amis gars dans mes réseaux sociaux, sur mes réseaux sociaux. Faut que je fasse approuver les publications, mes photos que je partage. Faut que mon chum ait mes mots de passe », tout ça. Fait que tsé, c'est quand même à se questionner.
Ok, mais si tu dis:« Mais je n’ai pas envie que t'aies mon mot de passe », comment il réagit? Te sens-tu libre de le nommer que tu n'as pas envie de lui donner ton mot de passe? Tout ça, c'est quand même des questionnements importants. La jalousie, ce n'est pas le démon. La ressentir, ce n'est pas confortable, ce n'est pas agréable dans ce qui se passe en dedans de nous souvent. Mais c'est bien d'aller se questionner derrière ça, qu'est-ce qu'il y a. Exact, mais tsé, je pense que c'est ça, à l'adolescence, on confond beaucoup ça. Puis tsé, encore une fois, ça m'amène aux exemples qu'on a vus aussi. Un garçon jaloux dans les séries, dans les livres, dans les films. Tu m'appartiens, t'es à moi. Mais oui, tout ça, c'est ce qu'on voit énormément. Fait que je peux comprendre qu'avec les exemples qu'on voit, ben on se dit: « C’est normal, tsé c'est comme ça que ça devrait fonctionner. » Puis ce qu'on voit aussi des fois, c'est que la jalousie, pour faire le lien avec la violence, c'est que ça peut escalader vers la violence ou on va utiliser la jalousie pour justifier la violence.« C'est que je t'aime tellement, tu m'appartiens, t'es à moi, c'est pour ça que je fais ça. » Mais dans le fond, on tombe dans de la violence psychologique. Oui, oui, puis ça vient aussi banaliser les gestes en soi, de dire: « Ben c'est parce que je t'aime que je fais ça ». Mes intentions sont bonnes. Oui, oui, c'est pur dans cette façon-là. Non, il y a du sarcasme aussi! Fait que tsé, y'a tout ça là. Pis on l'a comme effleuré aussi, mais là les réseaux sociaux, tsé la jalousie, avant c'était dans le monde réel, mais là ça se transpose même sur les réseaux sociaux. On est pas si vieilles, mais nous on ne l'a pas vécu notre secondaire avec que les réseaux sociaux. On a pas grandit réellement là-dedans, c'est arrivé peut-être un peu plus tard, mais eux sont exposés à ça, eux, ça fait partie de leur normalité. Dans le contexte social dans lequel ils sont, les réseaux sociaux, c'est une place immense. Puis des fois, je pense qu'on va peut-être juger leur utilisation, puis tout ça, il n'y a pas qu'il y a du mauvais aux réseaux sociaux, mais ils grandissent avec ça, créent des relations après, qui se transpose dans le monde virtuel. Puis là, on rajoute la complexité des mots de passe, les photos, les amis. La localisation, il y a beaucoup de choses. Puis tsé, il y a cet aspect-là aussi, que par exemple, s'il y a de la violence psychologique ou sexuelle, par exemple, à l'école... Mais là, elle se transpose aussi le soir, il n'y a pas d'arrêt. Si, par exemple, ton ou ta partenaire te dit des commentaires méchants ou quoi que ce soit, il peut te les envoyer par texto, il peut te les envoyer par message, tout ça. Ça l'arrête comme jamais. Non. Les faux comptes aussi, on le voit. J'avais une jeune que les amis se mettaient à y écrire. Elle se faisait harceler les amis de son ex-partenaire. Mais c’est difficile à vivre. Après ça, t'es chez toi, toute seule, puis tu reçois tout ça. C'est énorme à vivre. Fait que là, moi, ce que je vois, c'est vraiment... il y a eu un contrôle... ben, il peut y avoir un contrôle par les médias qui est ajouté en plus. C'est comme une couche supplémentaire à toute cette violence-là. Puis c'est difficile à gérer pour les jeunes, là, en fait. Puis tout ça me fait penser beaucoup au partage de photos intimes. Oui, les cyberagressions. Pour prendre le vocabulaire des jeunes, les nudes, le sexting, puis tout ça, ça fait partie de leur réalité. Ça va arriver même si on leur explique. Ils ont pris la décision de le faire, ils vont le faire. Puis la réalité est que beaucoup de jeunes le font, c'est ça. Fait que je pense qu'on peut en parler aussi de comment le faire et tout ça, mais aussi de parler qu'en fait, c'est pas légal techniquement, ils sont mineurs. Fait que s'ils en produisent, ils en partagent, on est dans la production, distribution, possession de pornographie juvénile, donc c'est pas légal de se... le partage de photos intimes. Puis j'ai envie de dire aussi que souvent, entre partenaires, il y a un échange, qu'au moment de l'échange, il est consentant, il est voulu, les deux partenaires sont à l'aise là-dedans. Mais moi, ce que je vois, c'est au moment de la rupture, que là, la photo, la vidéo va être diffusée à l'école au complet. Puis là, les conséquences sont immenses sur la jeune après. Là, je dis la jeune parce que moi, je vois des jeunes filles en suivi, mais les conséquences sont immenses, après la photo, elle est distribuée à tout le monde. Puis tsé, il y a tout cet aspect-là que, bon, ben tsé, c'est des... j'ai envie de dire que c'est des agressions à répétition, au sens que les gens, ils peuvent regarder ça à n'importe quel moment. Tu ne sais pas qui qui est là, tu ne sais pas... C'est tellement... on dirait que c'est comme, ça l'arrête jamais. Mais c'est intéressant que tu dises ça parce que j'avais vu ça, justement, les cyberagressions. Un des facteurs qui rend ça d'autant plus difficile à vivre, c'est que t'as l'impression qu'il n’y a pas de fin. Il y a comme une perte de contrôle sur l'image ou sur la vidéo que tu as envoyée qui est difficile à vivre avec raison. Puis d'ailleurs, ça me fait penser qu'on va mettre une ressource en barre info, mais il existe AidezMoiSVP, qui est un site internet. Puis quand on est un jeune, qu'on sait que notre photo ou vidéo a été diffusée, on peut aller faire un signalement. Puis avec Cyberaide, ils aident à retrouver les traces puis à réduire le partage. C'est sûr qu'on la met en barre info, mais c'est bien de savoir que ça existe. Je voulais juste préciser qu'avec la loi, il y a eu l'arrêt Sharpe, par exemple, qui autorise, qui rend légale certaines pratiques de partage de photos intimes. En fait, pour l'utilisation personnelle, une jeune ou un jeune a le droit de produire une image d'elle-même et de le garder pour elle. Donc, elle peut le produire, mais jamais le partager. Ça, ça ne sera pas illégal. Deux personnes, deux jeunes ensemble, mineurs, qui veulent se filmer ou se prendre en photo pendant l'activité sexuelle, que l'âge de consentement légal, évidemment, est respecté, que l'activité sexuelle est légale, puis tout ça, auraient le droit de se prendre en photo ou de se filmer, mais que pour l'usage personnel. Ils ne peuvent pas se l'envoyer entre eux après. C'est très complexe, mais on voulait quand même mentionner qu'il y avait une petite exception à la loi, mais en général, je pense que c'est plus facile de se souvenir que techniquement, ce n'est pas légal le partage de photos intimes chez les mineurs. Mais là, comme on a dit, on le sait que ça se fait. Fait que là, la personne qui étudie dans la criminologie en toi, a envie d'être en réduction des méfaits. Oui, la réduction des méfaits, au sens que c'est correct si vous le faites, on comprend, c'est la réalité, puis c'est ça. Mais je pense que ce qui peut être pertinent, c'est de se dire: « Ah bien, si j'ai un tatou, de ne pas poser mon tatou, de ne pas poser mon visage...» Tsé, tous les signes qui pourraient faire en sorte que je reconnaisse cette personne-là, que ce soit de prendre une photo qu'on voit toute la chambre en arrière, ben tsé ça c'est la chambre d'une telle ou d'une telle. D'essayer de minimiser à ce niveau-là, pas de signes reconnaissables. C'est ça, un collier avec par exemple la première lettre de ton nom, tu prends la photo, ça donne des petits détails comme ça. Je pense que tu m'as appris ça l'autre fois, la localisation. Oui, on peut la désactiver. Exact quand tu prends une photo. Ça peut être des façons de faire qu'au moins, on est dans la réduction des méfaits. Si cette photo-là, malheureusement, est partagée et se retrouve entre les mains des gens qu'on ne veut pas, on est moins facilement identifiable. Je trouve ça important de dire aussi que, on le sait là, ça fait partie du contexte social qu'ils vivent, mais on n'est jamais obligé d'envoyer une photo. Non. On peut toujours dire non. Puis si on se sent obligé puis on se sent forcé, ben on tombe dans des cyberagressions sexuelles, vraiment. Puis il ne faut pas les banaliser. Exact. Puis je voulais quand même faire une petite parenthèse aussi, parce que je trouve qu'il y a beaucoup de jugements par rapport à ça, les photos qui sont partagées, par exemple. Puis finalement, un copain va partager ça à toute l'école.
Puis là, la première réaction, c'est:« Ben elle avait juste à ne pas se poser. »
Oui, puis:« C’est de sa faute. » C'est de sa faute. Puis moi, je me ramène tout le temps à, mais pourquoi lui, il l'a partagée à tout le monde? C'est pas elle. Puis lui aussi, probablement qu'il lui a envoyé des photos, c'est juste qu'elle, elle a décidé de ne pas envoyer ça à toute l'école au complet. On s'entend. Tu le dis bien, elle envoie à une personne. Après ça, cette personne-là, elle n'a pas le droit de la divulguer à d'autres. Exactement. Puis il y a beaucoup de jugement souvent qui est mis sur la personne qui a envoyé cette photo-là à la base. Mais techniquement, ils étaient deux dans cet échange-là. Il y a tout ça aussi qu'on va vraiment beaucoup transférer la honte à la victime. Oui, c'est la base de beaucoup de... Oui, mais en même temps, ce que l'agresseur a fait en partageant ça à tout le monde, c'est atroce. C'est atroce, puis c'est vraiment pas correct. Non, puis moi je le vois beaucoup aussi de: « Mais c'est moi finalement qui a décidé de l'envoyer. Il n’y a personne qui m'a forcée à la prendre. J'étais toute seule chez moi puis j'ai fini par l'envoyer, fait que c'est de ma faute.» Mais il faut comprendre toute la manipulation, le chantage, la peur qu'il y avait derrière ça. C'est ça, le consentement enthousiaste à partager cette photo-là. C'est ça, il était pas... Il était peut-être pas là. Exact, c'est important. Puis c'est important aussi de préciser qu’il y a une loi qui encadre les jeunes. Puis tsé même la violence physique, sexuelle chez les ados. C'est illégal, il y a une loi. Oui, ben j'ai travaillé, moi, dans l'application de cette loi-là. Puis c'est la LSJPA, qu'elle s’appelle en version abrégée, la Loi sur le système de justice pénale pour adolescents. Tu l'as eue! Oui! Puis cette loi-là vient encadrer les choses qui sont légales et illégales. Partager, par exemple, une photo, ça a des conséquences. La jeune fille, par exemple, que sa photo est partagée, a le droit d'aller au poste de police et de porter plainte. Puis après ça, il peut y avoir des démarches judiciaires qui vont venir à la suite de ça. Puis quand on parle de démarches judiciaires, c'est sérieux. Il faut engager un avocat, on va se présenter à la cour. Tout ça, c'est pas des blagues. C'est grave. Ce n’est pas parce que t'es mineur et que t'as commis un délit que t'es protégé de la loi. Cette loi-là est là pour encadrer les mineurs pour ne pas que... du moins pour les délits, qu’il y ait une sanction. Puis il existe des sanctions, puis, j’allais dire on les voit. Moi, je vois des jeunes, des accusés qui sont reconnus coupables d'agression sexuelle, de pornographie juvénile. Ils ont des sanctions et des conséquences, puis ce sont des délits qui sont graves. C'est des crimes contre la personne. On peut donner quelques exemples de peines, mais entre autres des travaux communautaires, des amendes. Ils peuvent aller en centre de réadaptation fermé aussi, qui est comme l'équivalent d'un centre fermé, mais pour les mineurs. Oui, donc il y a des punitions qui existent, des sanctions. Exact. Puis tsé le but de cette loi-là aussi, c'est de faire prendre conscience à cet adolescent, cette adolescente-là, qu'il y a des conséquences par rapport à ça puis que c’est venu blesser les autres. Il faut prendre connaissance, c'est ça, que les gestes qu'on a posés ont touché plusieurs personnes. Puis le but, c'est de faire une réparation, que ce soit par les heures de travaux communautaires ou quoi que ce soit. Mais c'est quand même important de le nommer parce que moi aussi, je les ai vus, ces ados-là rentrer dans mes bureaux, puis ils étaient comme: « Je ne pensais jamais que ça allait se rendre là. Je ne pensais pas. » Mais c'est parce que c’est important. Oui, c'est important. Puis il ne faut pas... peut-être qu'ils ne savaient pas puis tout ça tsé, mais il y a un manque d'éducation. Je pense qu'il faut en parler de l'éducation à la sexualité, il faut en parler dans les écoles, il faut se déplacer, il faut parler avec eux d'éducation sexuelle positive aussi parce qu'il n'y a pas beaucoup de modèles qu'on montre aux jeunes dans notre culture populaire, dans la pornographie. Ce ne sont pas des exemples de relations égalitaires et saines, la plupart du temps, qu'on voit. Donc, il faut parler aux jeunes d'éducation positive à la sexualité. Puis je sais, j'en entends des gens me dire: « Oui, mais ça va leur donner le goût de le faire. » Mais ce n'est pas ça pantoute. En fait, l'UNESCO a même fait une étude en 2018, puis ils ont même montré que l'éducation positive à la sexualité retardait l'âge de la première relation sexuelle, parce que ça donne un sentiment de confiance, puis je sais c'est quoi que je veux, je peux choisir mon partenaire. Il y a comme... ça fait du bien de voir que je peux choisir en fait. Exact, puis tsé ton exemple par rapport à l'éducation à la sexualité, j'ai envie de dire, si tu as une éducation à la sexualité qui est positive, après ça, c’est correct d'aller sur des sites de pornographie parce que tu vas te dire: « Ok, mais ça c'est un scénario, c'est pas ça la réalité. » Puis, par exemple: « Moi ça, ça ne m'intéresse pas, ou ça, ça m'intéresse. » Ça vient faciliter un petit peu cette découverte-là, puis réalité versus fiction. Puis s'ils savent c'est quoi, mettons, une relation sexuelle, c'est quoi le consentement. Puis tsé, je sais qu'on est Viol-Secours, puis là, nous, on parle beaucoup des risques des agressions sexuelles, puis on va parler beaucoup des risques d'ITSS, le risque de grossesse, mais de façon positive, quand on en parle de façon positive, qu'est-ce que c'est une relation, une relation égalitaire, relation sexuelle, après, quand le jeune est confronté à un modèle qui ne répond pas à c'est quoi une relation saine, il va utiliser son jugement critique.
Il est capable de dire:« Il manque des éléments. » Ça va avoir moins un gros impact sur sa conception après de c'est quoi une relation psui tout ça. Exact, c’est bien mieux d'en parler, comme tu dis, que les ados fassent leur propre éducation à la sexualité à l'aide de vidéos pornographiques. On n'en sera pas au même résultat après. Non, puis la pornographie là, c'est correct d'en écouter puis d'en visionner. Ça va faire partie du cheminement de bien des personnes, mais d'avoir le jugement critique pour avoir le regard extérieur, de se dire, mais ça ne représente pas la réalité, c'est important. Exact. C'est beau ce qu’on dit. C'est très beau. Ça finit sur une bonne note, je trouve. Je pense que oui. Oui, puis je trouve aussi qu'il ne faut pas oublier, tsé en tant que là, mettons qu'on est un adulte qui regarde l'intervenant, peu importe, les jeunes là, ben de un, on les adore (rires). Mais aussi, non, mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut avoir une position d'ouverture avec eux, puis il faut s'intéresser à ce qu'ils vivent. Puis tsé, nous, des fois, dans nos problèmes d'adultes, nos responsabilités, ça semble tellement anodin, puis tout ça, mais pour eux, ça ne l'est pas, puis c'est important de prendre le temps avec eux, de s'intéresser à ce qu'ils vivent, de poser des questions aussi, puis de pas être dans le jugement. Puis si la personne te dit que... ben, le jeune te dit qu'il a l'impression que ce qu'il vit, c'est peut-être pas normal, il ne se sent pas bien, ben allons questionner ça, puis soyons ouverts envers eux. Exact, puis je pense que c'est une très belle façon de finir cet épisode-là, parce que c'est juste une petite lueur d'espoir. Oui! Oui! Prenez le temps, asseyez-vous, discutez, puis soyez ouverts. Oui, c'est vraiment important. Puis empathique à ce qu'ils vivent. Oui, exact. Parce que pour eux, c'est important. Puis c'est, comme on a dit, c'est le centre de leur vie à ce moment-là. Puis c'est important de prendre connaissance de tout ça. Absolument. Merci beaucoup, Annie-Pier. Merci à toi de m'avoir reçue, ça m'a fait plaisir. C'était vraiment le fun! Donc on vous remercie pour l'écoute de ce dernier épisode du Balado Briser le silence. Merci.