Briser le silence

Épisode #1 - Pour mieux comprendre les agressions sexuelles

Briser le silence Season 1 Episode 1

Cette épisode vise à introduire les concepts de base entourant les agressions sexuelles. On y parle entre autres de consentement, des différentes formes d'agressions à caractère sexuel et des contextes de celles-ci. Nous allons également aborder les statistiques et les réactions possibles chez les victimes. 


Infractions sexuelles en 2020 - Criminalité au Québec (quebec.ca)

https://violsecours.qc.ca/
https://infoaideviolencesexuelle.ca/
Info social, 811, option 2 

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🎙️🎥: Gestion Balado Studio

Bienvenue à Briser le silence, votre balado traitant des violences sexuelles, de consentement et des dynamiques de pouvoir entre les individus. Votre animatrice Juliette Marcoux, ainsi que ses invités, échangeront sur ces réalités qui concernent l'ensemble de la population. Merci d'être à l'écoute. Ensemble, brisons le silence. Bonjour, bienvenue au premier épisode du podcast, Briser le silence. Je m'appelle Juliette Marcoux, puis je vais être votre animatrice tout au long de la saison. Aujourd'hui, je suis accompagnée de Doris, qui est une collègue, mais aussi la coanimatrice de l'épisode. Bienvenue Doris! Merci. Je suis vraiment contente d'être là avec et toi pour coanimer cet épisode, notre premier épisode ensemble. Oui. Je pense que ça va être le fun. Oui, ça va être le fun. On a beaucoup de contenu, mais je suis sûre qu'on va avoir du fun en enregistrant le podcast. On pourrait peut-être commencer en se présentant, dire on est qui, puis qu'est-ce qui fait qu'on anime un podcast, puis qu'on travaille chez Viol-Secours. Je vais commencer, puis après ça, ce sera à toi, ça va? C'est parfait, ça me va. Comme je l'ai dit, je m'appelle Juliette, je suis intervenante chez Viol-Secours depuis environ un an et demi. On est arrivées la même journée je crois à l'organisme pour commencer à travailler. Avant d'être à l'organisme Viol-Secours, moi, j'ai étudié en criminologie à l'Université Laval. Puis, tout de suite, les cours de victimologie m'ont parlé beaucoup. Tout ce qui est relations d'aide avec les personnes qui étaient victimes d'actes criminels. Puis, mon implication par rapport au comité féministe à l'université a grandi et l'intérêt aussi d'ailleurs. Donc, la passion pour la victimologie, le féminisme ensemble m'ont fait atterrir chez Viol-Secours. Bien évidemment, première expérience d'animation de podcast, je n'avais pas ça à mon CV avant, mais je suis très contente de faire ça avec toi. Veux-tu... Oui, je vais me présenter. Mon nom, c'est Doris Saint-Croix. Je suis aussi intervenante ici à Viol-Sécours. Je suis plus intervenante femme adulte, puis je suis sur le projet des forces avec une autre collègue. Pour ce qui est de ma formation, j'ai fait mon baccalauréat en travail social et j'ai fait ma maîtrise en sociologie. Moi aussi, mes premiers contacts avec le féminisme, ça a été durant la première année de mes études de mon bac. J'ai toujours participé dans des comités étudiants, dans des groupes d'étudiants, dans des organismes qui défendent les droits des femmes donc j'ai toujours été là-dedans durant toutes mes études. Puis aussi, durant ma maîtrise en sociologie, tous mes travaux académiques, j'ai toujours trouvé un moyen de faire un lien avec le genre ou avec le féminisme. Puis ma carrière professionnelle, ça a été ça aussi, donc dès le début de ma carrière, j'ai toujours travaillé avec des femmes donc: éducation sexuelle, violences basées sur le genre, violences sexuelles, violences conjugales, j'ai toujours baigné là-dedans. Ça fait que je suis féministe, puis ça fait partie des valeurs de l'organisme aussi. Donc, je me retrouve à la bonne place à Viol-Secours. Ça me fait plaisir d'animer ce podcast avec toi. Je me sens un peu fébrile parce que je n'ai jamais fait ça de ma vie. Donc c'est une première fois. Je ne sais pas toi, comment tu te sens par rapport à ça? Un peu stressée, un peu stressée... Dans le fond, c'est quand même, ça fait partie de notre travail, sensibiliser la population, on le fait déjà dans le cadre d'autres tâches, mais là, c'est un autre médium je dirais, le podcast. Ça fait différent, mais... On le fait devant un grand public, maintenant, on s'en va en prévention dans les écoles, mais là, c'est un podcast. C'est différent, mais je pense qu'on connaît bien aussi notre sujet, puis ça va bien se passer, mais ça vient avec un petit peu plus de fébrilité que normalement. Mais ça va bien aller je pense. Donc, on demande au public d'être assez indulgent avec nous. Mais sinon, je voulais commencer par vous dire que ça se peut qu'en écoutant ce podcast, vous ressentez des émotions beaucoup plus difficiles, des souvenirs beaucoup plus douloureux. Sachez que vous pouvez nous appeler ici à Viol-Secours si vous avez besoin d'écoute, si vous avez besoin de vous faire valider, si vous avez des questions... Donc n'hésitez pas à nous appeler. On a aussi une ligne d'écoute qui est disponible 24/7 également pour être là pour vous, pour vous écouter, pour vous rassurer. Donc n'hésitez pas. On va mettre ces informations-là dans la barre d'infos comme ça, ça va être beaucoup plus accessible. Il y a aussi l'option 811 si jamais vous voulez parler à quelqu'un, puis la personne qui va vous répondre vous redigera vers la bonne ressource. Donc n'hésitez surtout pas à aller chercher de l'aide. On est là pour ça, on est là pour vous accompagner là-dedans. Sur ce, je pense qu'on pourrait rentrer dans le sujet principal, mais avant, il y

a des personnes qui se posent la question:

Pourquoi est-ce qu'on fait un podcast? Parce qu'en ce moment, il y en a quand même pas mal. Oui, quand même beaucoup de podcasts, déjà, qui sortent, mais on trouvait quand même important de parler du sujet des agressions à un caractère sexuel. Je pense que depuis le mouvement #metoo, il y a une certaine ouverture avec le sujet. On en parle plus, mais ça crée encore beaucoup de malaise. C'est encore un sujet qu'on a de la difficulté à aborder dans la vie de tous les jours. Il y a encore plusieurs tabous, donc c'est important pour nous quand même d'ouvrir la discussion par rapport à tout ça, puis surtout comme je l'ai dit tantôt, dans le cadre de notre volet qui est plus sensibilisation chez Viol-Secours, c'est de quoi... C'est de quoi, c'est quelque chose, excusez-moi! Qu'on aime bien faire aussi puis on espère que ça va toucher plus de personnes par le biais du podcast. Ok, tout à fait et je ne l'avais pas mentionné tantôt, mais notre sujet principal aujourd'hui, c'est qu'on va parler des agressions sexuelles en général, donc on va avoir des définitions. On va aborder aussi plusieurs formes d'agressions sexuelles. On va donner des statistiques aussi qu'on pense qui sont pas mal importantes donc je pense que pour être sûr que tout le monde parte sur les mêmes bases, on va commencer avec la définition. Oui, c'est ça. Ces définitions-là, on les fait parce que ça va être important tout au long avec des épisodes qui vont suivre, que vous puissiez vous référer à cet épisode-là qui va quand même être informatif, qui va pouvoir vous guider. Je veux quand même mentionner que tsé cet épisode-là, ce n'est pas pour blâmer personne, ce n'est pas pour vous faire sentir mal de différents comportements ou quoi que ce soit, mais c'est plus pour avoir une discussion et essayer de toucher le plus de gens possible. Susciter des réflexions... C'est ça. Ça se peut, justement, qu'il y ait des remises en question, ça se peut que vous vous posiez des questions, mais ça fait partie du processus de changement aussi donc si jamais cet épisode-là est difficile à écouter pour peu importe la raison, n'hésitez pas à peser sur pause, il n'y a pas de problème, mais on espère quand même que ça va pouvoir vous éclairer sur quelques points par rapport aux agressions à caractère sexuel. Ok, justement donc on va commencer avec la définition, mais n'oubliez pas, on prend une pause, puis on appelle Viol-Secours ou la ligne d'écoute 24/7 pour de l'aide. Ça, c'est très important de le rappeler. Pour la définition, nous, la définition qu'on utilise pour l'agression sexuelle à Viol-Secours, c'est la définition du Ministère de la Santé et des Services sociaux qui définit une agression sexuelle comme étant un acte ou un geste à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, qui a été commis sans le consentement de la personne victime. On va revenir tantôt sur la notion de consentement, mais je pense qu'il est aussi important de dire qu'une agression sexuelle, ce n'est pas une perte de contrôle, c'est une prise de contrôle. Pourquoi est-ce qu'on prend le temps de le dire? C'est parce qu'il y a beaucoup de personnes qui ont tendance à dire ou à

penser que:

« Le pauvre, il a perdu le contrôle, le pauvre, ce n'était pas sa faute, il ne pouvait pas se contrôler.« Il n'est pas capable de s'arrêter. »« Il n'est pas capable de s'arrêter. C'est parce qu'il a beaucoup de pulsions sexuelles, il n'est pas capable de gérer ses pulsions ». Alors qu'en réalité, on sait que ce n'est pas une perte de contrôle, sinon on aurait eu des agressions à chaque coin de rue, puis en plein jour, il y aurait beaucoup de témoins. Effectivement. C'est pour ça que les agresseurs, ils s'assurent de ne pas laisser de traces ou de ne pas avoir de témoins quand ils commettent leurs agressions. Donc c'est vraiment un geste qui est commis pour prendre pouvoir, pour prendre le contrôle, pour dominer l'autre personne. L'agresseur fait passer ses besoins puis ses désirs au-dessus de l'intégrité physique puis psychologique de la victime. Quand on ne respecte pas le consentement d'une personne, c'est ça qui va faire le changement entre une relation sexuelle et une agression sexuelle. Je pense que tu l'as nommé plusieurs fois déjà, le mot consentement, ça va être assez central dans les définitions au niveau des agressions sexuelles. C'est vraiment ce qui fait la différence entre une relation sexuelle et une agression sexuelle quand on parle de consentement. Puis, on va le répéter et répéter plusieurs fois tout au long de l'épisode, mais c'est important de le mentionner. Puis, dans les prochains épisodes, il va y avoir également un épisode complet dédié au consentement. Tantôt, tu as parlé de la définition qu'on utilisait ici. Il y a aussi la définition du code criminel qui existe. En gros, je ne vais pas m'improviser avocate ici, mais la définition parle encore d'actes non consentants. Le consentement est encore une fois central dans la définition, mais la différence au niveau du code criminel, c'est qu'il y a vraiment un niveau de gravité. C'est considéré comme une voie de fait, les agressions sexuelles donc elles sont catégorisées sous différents niveaux. C'est ce qui fait majoritairement la différence avec notre définition à nous. Il y a différents niveaux de gravité dans cette définition. Oui, exactement, tandis que nous... Nous, on n'utilise pas... Ce n'est pas important pour nous la notion de gravité parce qu'on ne fait pas de hiérarchisation entre les formes d'agression. Parce que ce qu'on observe, c'est que les femmes, peu importe la forme d'agression dont elles ont été victimes, elles vont développer pas mal les mêmes conséquences. C'est pour ça que ce n'est pas important pour nous. On reçoit parfois des appels de madame qui nous disent:« Est-ce que je rentre vos services? Parce que j'ai vécu une agression, mais je pense que ce n'est pas grave. Est-ce que je peux avoir accès à vos services? » Mais nous, peu importe la forme d'agression que vous avez vécue, on est là pour vous offrir des services, puis vous êtes la bienvenue ici à Viol-Secours. Exactement. Je pense que c'est ce qui fait la différence, mais les deux définitions sont très biens. Je pense que ça l'enlève la pression aussi aux femmes quand elles appellent à nos services qu'il n'y ait pas de... que nous, on n'évalue pas la gravité, puis qu'on fasse plus, qu'on mette plus l'emphase sur les conséquences. Oui. Mais... Vas-y. Depuis tantôt, on utilise le mot victime parce que ça fait partie de notre vocabulaire comme intervenante, mais je voulais prendre un temps... Est-ce qu'on peut prendre un temps pour regarder tsé pourquoi on utilise ce mot? Bien c'est ça, c'est certain que plusieurs, là, je vais dire femmes parce que c'est majoritairement notre clientèle ici, mais les femmes, il y en a qui décident victime, puisque pour elles, c'est de s'enlever la responsabilisation des événements. Donc, pour elles de se dire victime redonne la responsabilité à l'agresseur, tandis que d'autres personnes vont préférer survivante, ce qui fait que ça fait plus partie de la reprise de pouvoir. Un n'invalide pas l'autre du tout. Les deux sont très bien, mais par souci qu'on utilise souvent ce mot-là dans le podcast, on veut utiliser victime tout au long de nos explications, mais sachez que c'est tout aussi correct d'utiliser le mot survivante. Ok, parfait. C'est juste que nous, on va utiliser le mot victime tout le long. Je pense qu'en termes de définition et précision, la table est bien mise. Tout le monde est sûr qu'on parle de la même chose, de la même affaire. Je pense qu'on peut commencer avec les formes d'agression. Je vais faire un retour sur ce que je disais tantôt quand je disais qu'il y a parfois des femmes qui appellent pour dire que: « Je ne sais pas si je rentre dans vos services parce que moi, je n'ai pas vécu un viol », parce qu'il y a beaucoup de gens qui ont tendance à penser que pour parler d'agression, il faut qu'il y ait eu une pénétration. Fait que s'il n'y a pas eu de pénétration, la personne n'a pas été agressée. Ou on reçoit des appels de madames qui disent que: « Mais moi, je n'ai pas vécu une agression complète ou je n'ai pas vécu une vraie agression. Est-ce que ça rentre quand même dans vos services? » Mais la réalité, c'est qu'une agression sexuelle avec pénétration, c'est une forme d'agression parmi tant d'autres. C'est juste qu'il y a beaucoup de personnes qui pensent qu'il faut qu'il y ait eu une pénétration pour parler d'agression sexuelle, mais c'est juste une forme. Exactement. Je pense que ça, ça parle beaucoup sur l'éducation qu'on a eue en termes de sexualité. Quand on parlait de sexualité, on parlait aussi de relations sexuelles complètes. Il faut qu'il y ait pénétration, donc quand on parle d'agression sexuelle, les gens ont seulement l'idée d'agression sexuelle avec pénétration, mais la sexualité, en soi, c'est beaucoup plus gros. Puis, quand il y a un non-respect du consentement dans la sphère de la sexualité, en général, c'est une agression. C'est le consentement qui fait toute la différence. Exactement. Je pense qu'on va pouvoir regarder les autres formes d'agression sexuelle avec contact, sans contact aussi, comme tu as dit dans la définition. Moi, une forme qui amène toujours des discussions dans mon cercle d'ami. es, c'est avec les saisons des festivals présentement, le fait d'être dans des grosses foules, ça peut amener proximité. Proximité, des gens collés, tout ça, puis là, oh mon Dieu, on dirait qu'il y a quelqu'un qui se frotte après moi ou je sens son pénis, par exemple, dans mon dos, tout ça. Puis là, il y a beaucoup de remises en question qui viennent avec ça. Est-ce que c'est juste parce qu'on est dans une foule, puis que cette personne-là n'a pas le choix d'être collée? Ou tsé est-ce que j'exagère? Mais en fait, je pense qu'aussitôt qu'il y a un sentiment d'inconfort, c'est valide. Ça, c'est du frotteurisme, puis ça arrive dans les lieux publics. Ça, ça peut effectivement être dans les festivals, ça peut être dans un autobus bondé, ça peut être dans une file d'attente très serrée. Si vous vous posez la question, c'est valide, donc prenez les moyens pour vous mettre en sécurité et ça vient avec ses conséquences également. Même s'il n'y a pas eu pénétration, c'est une forme d'agression qui peut amener des conséquences parce que tout le sentiment de sécurité, on n'a plus ce sentiment de sécurité-là dans la foule. Fait que ça arrive avec ses conséquences puis c'est très important d'être vraiment à l'écoute de son ressenti. Exact. Parlant de contact physique, moi, j'ai une forme d'agression qui me vient en tête, c'est vraiment les attouchements. Tsé les personnes qui te touchent la cuisse, les personnes... Mettons, si une femme se trouve dans le chemin, qui vont essayer de tasser la femme, mais en la prenant par les hanches. Il y a aussi les fameux câlins trop serrés. Les câlins où on sent que la personne fait exprès de nous serrer dans les bras juste pour ressentir nos seins sur son torse. Ça amène des questionnements aussi. Puis, quand on sait qu'ils ne le font pas entre eux en tant que chum, on est en droit de se questionner. Sur c'est quoi? Puis tsé, encore une fois, ça nous ramène à: Et bien moi, si je ne suis pas confortable à ce qu'on me sert fort comme ça puis que je sens qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Tu sais que ça ne fonctionne pas, c'est ton feeling à toi, puis comment tu te sens à ce moment-là qui est important. Je repense à des emplois que j'ai eus quand j'étais adolescente. J'avais un patron qui venait tout le temps me masser les épaules pendant que je travaillais. Ça n'a pas rapport de faire ça. Ça rend la personne inconfortable, tu es dans sa bulle, dans son intimité. Fait que je pense qu'il faut faire attention, c'est banaliser ces gestes-là, mais c'est de rentrer dans l'intimité des gens, puis ça se demande. Puis sûrement que s'il me l'avait demandé, j'aurais dit non en fait. Veux-tu un massage sur ton lieu de travail Juliette (rires)? Ça va être correct. Donc tsé je pense que c'est prendre le temps de demander, encore une fois, c'est le consentement, on va le répéter, mais c'est très très central. Il suffit de le demander. Exact. Puis si la personne dit non, au moins, elle va pouvoir avoir mis ses limites, puis ça va être à toi simplement de les respecter. C'est aussi simple que ça, dans le fond. Sinon, en termes de contact, j'ai envie de te donner aussi un pas pire exemple. Il est toujours controversé quand même, cet exemple-là. Quand on va faire des préventions, on a toujours des réactions. Tout ce qui est baiser, embrasser une personne, tout ça, on est très habitué de voir dans la culture populaire, que ça soit film, série, un couple qui chicane, puis là finalement, le garçon décide d'aller embrasser la femme pour lui couper la parole pendant... Pour la calmer un peu. Bien oui, puis, quand on parle de consentement, la situation ne prêtait pas nécessairement à ça. En tout cas, de mon point de vue. Si c'est une chicane... De mon point de vue, ce n'était pas le moment d'embrasser, donc son non-verbal ne

te disait pas:

« J'ai envie que tu m'embrasses. » Puis, elle ne t'a pas dit

non plus:

« Viens m'embrasser, s'il te plaît », normalement. Donc ça, ça fait partie des agressions à caractère sexuel qui sont très très très banalisées. On peut se le dire. Puis, ça se demande! Oui, ça se demande, puis il y a des façons. C'est à chaque personne de trouver son approche. On peut demander, on peut dire à quelqu'un: « En ce moment, j'ai le goût de t'embrasser. Est-ce que je peux t'embrasser? » On peut le faire avec humour aussi. Puis, il y a le non-verbal qui est très important. Si la personne se penche vers toi, c'est signe que la personne a le goût de t'embrasser aussi. Fait que de prêter attention à tout ça. Mais on a tendance à penser que si on demande le consentement avant un baiser, c'est plus romantique. Ce n'est pas romantique, mais c'est sexy de demander le consentement. Bien oui, effectivement. Je pense que l'exemple qui me vient en tête, je me souviens quand le film Le journal d'Aurélie Laflamme est sorti, dans une scène où il y a un baiser, l'acteur principal demande à Aurélie: « Est-ce que je peux t'embrasser? » Puis moi, ça m'a vraiment marquée. Je trouvais ça tellement beau, puis tellement... Mon Dieu, ils avaient tellement l'air amoureux et tout ça que je me dis, il y a certainement moyen de rendre ça sexy, c'est juste après ça de discuter avec son ou sa partenaire, puis de mettre ses limites, puis de voir comment on peut valider le consentement ensemble. Il n'y a pas de problème, mais c'est d'avoir cette discussion-là qui, des fois, peut faire peur, mais c'est super important. Oui, puis malheureusement, c'est ce scénario-là qui est l'exception quand on écoute les films ou les séries, malheureusement. Mais c'est parce que justement, les autres, ça banalise, puis on a tendance à penser que c'est juste un baiser, un simple baiser, ça ne peut pas faire de mal, mais sans le consentement, c'est une agression. Bien oui, bien oui. Puis moi, personnellement, en parlant de baiser, moi je pense qu'une autre forme d'agression, je pense qu'il est importante d'en parler, c'est vraiment tout ce qui est rapport avec contact oral, génital, donc tout ce qui est fellation, cunnilingus sans le consentement, que ce soit, on force une personne à nous faire une fellation, un cuni ou qu'on le fasse sur la personne sans son consentement, c'est considéré comme une agression. Parfois, c'est compliqué parce qu'une personne peut se dire

que:

« Mais je suis en train de lui faire une fellation, donc je suis en train de lui donner du plaisir, donc ce n'est pas une agression parce que je le vois, son corps réagit ou que je vois que la personne a eu un orgasme, donc c'est signe qu'elle a du plaisir. » Et c'est très dangereux parce que ça peut amener de la culpabilisation. Du côté de la victime, elle peut penser que: « Pourquoi est-ce que je n'ai pas été capable de me retenir ou que mon corps m'a trahie? » Ça peut amener de la confusion aussi.« Est-ce que c'était vraiment une agression que j'ai vécue? Est-ce que parce que là, mon corps a réagi, puis que j'ai eu un orgasme. » Mais ce qui est important de retenir dans tout ça, c'est que même si ton corps a réagi, c'était une réaction mécanique. Ce n'est pas le signe de ton consentement. Fait que, c'est juste que ton corps il a réagi à un stimuli, donc c'est normal d'avoir cette sensation-là de plaisir, mais c'est en aucun cas un consentement.... un signe de consentement, d'où l'importance de valider, de demander. Puis tsé, là on a parlé de contact oral/génital, mais pour tout ce qui est masturbation aussi, au même titre que ce que tu viens d'expliquer, ton corps va réagir aussi de façon mécanique à la stimulation, donc c'est vraiment de demander. Je comprends que certains partenaires vont se dire: « Je lui fais plaisir, ça me fait tellement plaisir de lui donner du plaisir. » Sauf que la réalité, c'est que si la personne ne veut pas, elle n'aura pas de plaisir. Peut-être que son corps, oui, va réagir, mais en aucun cas, c'est la même chose, c'est ça qu'elle ressent elle-même. Son corps réagit, mais à l'intérieur, ça ne lui tente pas, puis elle n'est pas confortable. Donc, encore une fois, il faut vraiment le valider avec son ou sa partenaire à tout moment. Puis peu importe l'acte sexuel qu'on va entamer, que ça soit une perturbation ou peu importe, il faut toujours valider le consentement, même si on pense qu'on va donner du plaisir à son partenaire. L'intention est peut-être bonne, mais sans valider, c'est là que ça rend ça plus c'est plus dangereux parce qu'il peut y avoir la possibilité de non-respect du consentement, donc c'est super important. Oui, tout à fait. J'ai l'impression qu'on va dire beaucoup consentement (rires).(rires) Mais je pense que c'est central dans la thématique qu'on aborde parce que comme on le disait tantôt, c'est ça qui fait la différence entre une relation sexuelle puis une agression sexuelle, puis s'il n'y a pas de consentement, c'est une agression sexuelle. Fait que c'est sûr qu'on va le répéter, puis on va probablement dire que le consentement, c'est simple, il suffit de le demander. On parle de consentement depuis tantôt, je pense qu'il y a une dernière forme d'agression sexuelle qui est plus avec contact, que j'aimerais qu'on aborde ensemble. C'est quand même nouveau au Code criminel, c'est le furtivage. Oui, ça c'est moins connu comme forme d'agression sexuelle. Moins connu, quand on parle de furtivage, c'est, par exemple, deux personnes s'entendent pour avoir une relation sexuelle avec le port du condom et que le partenaire va décider de retirer le condom durant l'acte sans avertir l'autre personne. Quand on parle de consentement, bien si on s'est entendu au début pour avoir une relation sexuelle avec condom, puis que finalement, la personne le retire, là, le consentement, il n'est plus valide parce que ce n'est pas pour ça qu'on s'est entendu. Donc, ça fait maintenant partie des formes d'agressions sexuelles au Code criminel. Je ne sais plus ça fait combien de temps, c'est récent. C'est récent, je pense que ça date de 2022. C'est en 2022 que ça a été inscrit dans le Code criminel et il faut savoir aussi que le furtivage, ça amène des conséquences aussi parce que, quand on s'expose comme ça à une relation sexuelle sans condom, sans le consentement, on s'expose justement à des ITSS, on s'expose probablement à une grossesse non désirée, fait que ça amène ces conséquences aussi. Puis, moi aussi, j'ai vu passer des articles où la madame, ce qu'elle expliquait, c'était que le monsieur avait fait le geste de mettre le condom, mais en réalité, il l'avait pas mis. Il l'avait jeté, puis elle l'a porté plainte, c'était très compliqué, mais elle l'avait porté plainte. Mais c'était ça, il a fait semblant de le mettre le condom, mais il l'a pas mis. Pour X ou Y raisons, elle a vérifié. Fait que ça fait partie du furtivage. Oui justement, la personne peut l'enlever pendant l'acte sexuel, mais la personne peut faire semblant de l'avoir mis. Puis finalement, ce n'était pas le cas. Donc, ce n'est quand même pas à banaliser ça non plus, puis le fait que la décision ait été prise récemment comme quoi c'était au Code criminel, en dit long aussi sur les gens qui vivaient ces situations-là, puis le fait qu'on s'est dit que c'était important de le criminaliser. Donc, je pense que ce n'est pas du tout à négliger. Puis sachez qu'il y a des recours possibles pour ça. On peut dire que c'est une grande victoire. Oui, quand même un avancement par rapport à tout ça. Oui, puis je pense qu'on a fait le tour pour tout ce qui est agressions sexuelles avec contact physique. Mais si jamais on échappe une forme, on va revenir là-dessus dans les prochains épisodes. Si jamais vous pensez qu'on en a échappé quelques-unes, n'hésitez pas à nous appeler pour nous dire qu'on en a échappé. On va être très ouvertes à recevoir les commentaires. Je pense qu'on peut aborder maintenant les formes d'agression sans contact. Je ne sais pas, qu'est-ce qui devient peut-être première, quand on parle d'agression sans contact? Moi, l'exemple qui me vient toujours en tête, je ne sais pas d'où est-ce que ça sort... J'imagine qu'à un moment donné, j'ai entendu parler de tout ça, puis ça m'est resté, mais sans contact, moi, je pense à un homme avec un long manteau beige, puis qui ouvre son manteau, qui est tout nu et montre ses parties génitales, vraiment de l'exhibition. L'exhibitioniste, mais ça, c'est l'exemple classique, je ne suis plus certaine que ça se fait tant que ça. On a d'autres moyens. Il y a d'autres formes d'exhibitionnisme. Par exemple, il y a des personnes qui vont se masturber en présence d'une autre personne sans son consentement. Ça, c'est une façon aussi de faire de l'exhibitionnisme. Il y a des personnes qui, sans nécessairement être nues, vont exposer leur érection, soit quand ils sont en érection, ils vont porter un pantalon où ça va être très visible. Puis moi, j'en ai fait l'expérience personnellement, puis tout le monde était gêné dans la salle, puis bien comme conséquence, moi, je ne suis plus jamais retournée dans cette salle-là. Fait que ça amène des conséquences, même s'il n'y a pas eu de contact physique. Exact. Il y a aussi et bien, parlant de films, puis de séries, tantôt, il y a le classique scénario où la femme, elle est nue ou à moitié nue, elle est devant sa fenêtre, puis elle sait pertinemment que son voisin d'en face la regarde. Puis ça nous est présenté comme étant sa manière de séduire, mais dans le fond, c'est de l'exhibitionnisme parce que justement, il y a plusieurs personnes qui peuvent voir. Puis tsé, en aucun cas, elle a validé si la personne était à l'aise. On nous présente ça d'une manière sexy tout ça, mais j'ai envie de dire que si on revirait cette situation-là de bord, si c'était un homme qui se mettait nu devant sa fenêtre pour séduire une femme... On n'aurait pas trouvé ça drôle. Non, on n'aurait pas trouvé ça drôle, puis ça fait partie tsé de l'exhibitionnisme, puis ce n'est pas une technique de cruise. Ce n'est pas optimal, fait que c'est de faire attention des fois, c'est très banalisé. Puis dans les films, surtout, on montre ça comme si c'était rien, puis que c'était la chose à faire. Mais dans les faits, ça peut quand même avoir des répercussions et des conséquences pour les personnes. J'ai juste à penser aussi... Tsé, là maintenant, avec les réseaux sociaux, cellulaires, tout ça, j'étais dans l'autobus il y a quelques mois et il y a la fonction AirDrop avec le cellulaire et il y a un homme qui a airdropé une photo de son pénis à toutes les femmes dans l'autobus. Mais là, toi, tu ne sais pas c'est qui qui a fait ça, puis tu as le sentiment aussi que tu es prise dans l'autobus jusqu'à temps qu'on puisse sortir au prochain arrêt. Puis tsé, moi ça l'a eu comme conséquence que je suis sortie, puis je ne suis pas arrivée chez nous, je n'étais pas à bonne place du tout, mais j'étais tellement mal à l'aise que j'ai quitté. Puis après ça, bien ça ne me tentait plus de prendre l'autobus. Je n'étais pas à l'aise de... Le sentiment de sécurité était compromis.... Du tout, fait que tsé quand on parle de conséquences, même s'il n'y a pas de contact, ça en est ça, des conséquences. Tu n'es pas retourné à un certain endroit. Moi, j'ai eu des craintes par rapport à l'autobus, donc il faut quand même... Ce n'est pas à négliger du tout. Oui, même s'il n'y a pas de contact, puis justement, ça fait partie des façons classiques de faire de l'exhibitionniste, puis ça ne me surprendrait pas qu'il existe d'autres façons de faire. Peut-être que dans les commentaires, on va en avoir. Mais parlant de photos, justement, moi, je pense aux personnes qui font des partages de photos intimes de manière consentante. Ça, c'est correct, mais parfois, ces photos sont détournées. Soit, elles sont utilisées pour extorquer de l'argent à la personne ou sont utilisées, mettons, pour avoir d'autres photos ou d'autres vidéos beaucoup plus explicites, sexuellement, et ça vient avec des menaces. Soit, j'envoie tes photos à tes parents ou je les publie sur Facebook. Donc ça aussi, c'est une forme. On va les appeler les cyberagressions, mais c'est une forme d'agression qui amène beaucoup de conséquences. C'est une pratique qui concerne particulièrement les jeunes. Donc on n'est pas en train de vous dire de ne pas le faire ou que c'est de votre faute si jamais vos photos... et bien quelqu'un vous menace avec vos photos, mais c'est juste qu'on vous conseille la prudence, mettons de prendre des précautions. On va avoir un épisode complet là-dessus, mais je pense qu'il y a un document qui nous... Oui, il y a un site Internet, oui qui existe pour les jeunes en bas de 18 ans par rapport à ça. C'est un site Internet qui s'appelle AidezMoiSVP donc, si jamais il y a quelque chose par rapport à... Il y a quelqu'un qui a partagé votre photo ou quoi que ce soit et bien c'est un endroit qui est accessible pour vous, pour aller chercher les ressources puis l'aide. Mais sachez que, comme Doris le dit, c'est aucunement votre faute, mais c'est des choses qui peuvent arriver avec le partage de photos avec son copain ou quoi que ce soit. Donc si jamais vous avez besoin d'aide, n'hésitez pas à ce niveau-là. Oui justement, en parlant de cyberagression, j'enchaînerais avec le leurre informatique. Oui le leurre... Le fameux classique du monsieur très âgé qui se fait passer pour un ami, pour un confident, justement pour pouvoir approcher quelqu'un de plus jeune. L'objectif derrière tout ça, c'est vraiment d'aller chercher une victime. Donc il va cibler des personnes qui dans des situations beaucoup plus difficiles, beaucoup plus vulnérables, justement pour se faire passer comme un ami, un confident, puis pour faire de cette personne-là sa victime, donc sa proie. Je pense que c'est criminalisé. Oui, c'est criminalisé. On l'a vu souvent, encore une fois, on parle beaucoup, on parle de films depuis tantôt, mais tsé, dans les films, on le voit beaucoup. C'est ça, des hommes plus âgés qui se font des comptes puis qui disent que ce sont des jeunes filles, par exemple, de 12-13 ans, puis qui parlent avec d'autres jeunes filles, puis qui demandent des photos ou qui ont des discussions qui ont des connotations sexuelles, tout ça. Puis, même s'il n'y a jamais contact, au final, entre la jeune fille puis cet agresseur-là, ça peut quand même amener des conséquences par la suite dans la vie de cette personne-là. Fait que encore une fois, il n'y a pas eu de contact, mais ça peut être quand même très grave. Oui, ça apporte ses conséquences. Il y a aussi le voyeurisme. Oui, j'allais l'oublier (rires)! Le voyeurisme, oui. Oui, et bien tantôt on parlait d'exhibitionnisme, c'est le fait d'exposer sa nudité ou son intimité à une personne sans son consentement, mais il y a aussi le fait d'observer quelqu'un dans son intimité, quelqu'un qui est nu, soit en prenant sa douche ou quoi que ce soit. Ça s'appelle du voyeurisme, puis ça arrive avec ses conséquences également et moi, je pense particulièrement à une situation qui s'est passée en France où la jeune femme avait loué un Airbnb, puis le propriétaire avait placé des caméras dans l'Airbnb, puis particulièrement dans la salle de bains. Je pense que ça a eu un écho médiatique. Il y a un article qui est sorti sur TF1 aussi et ça a pris de l'ampleur, heureusement, parce qu'il faut qu'on en parle avec toutes les conséquences que ça apporte. Puis la phrase qui m'a marquée, c'est que la victime elle disait« Je me suis sentie salie. » La sensation d'être salie, c'est une sensation que beaucoup de femmes qui ont été victimes d'agressions sexuelles vont avoir. Ça montre que même s'il n'y a pas eu de contact physique, ça apporte des conséquences ces formes d'agression-là. Puis ça aussi, je pense que c'est très banalisé mettons dans des films aussi. Oui, effectivement, puis tsé ce qui, ce qui est un petit peu plus épeurant avec tout ça, c'est que les gens ont accès facilement à du matériel, des caméras qu'ils peuvent installer, comme on parlait de l'exemple du Airbnb. Puis il y a aussi une espèce de montée des vidéos sur TikTok et compagnie, de femmes qui achètent des gadgets pour voir s'il y a des caméras, pour double-barrer leurs portes quand ils partent en voyage, tout ça. Fait que tsé c'est plate qu'on ait cette charge mentale-là de plus en partant en voyage. Le fait de ne pas se sentir en sécurité vraiment nulle part, ça l'amène comme ce poids-là de plus chez les femmes. Puis c'est quand même très très triste. Puis je pense que ça apporte un poids financier aussi parce qu'il faut se procurer ces gadgets pour détecter les caméras cachées, il faut se procurer des gadgets pour barrer la porte juste pour être sûre et non seulement ça vient avec une charge émotionnelle, mais ça vient aussi avec une charge financière. Autant que des personnes, des agresseurs achètent des caméras, fait que autant que de notre côté, en tant que femmes, on va essayer de trouver des gadgets pour détecter ces caméras-là. En effet, c'est... c'est difficile. Je pense qu'il nous resterait une forme d'agression à aborder par rapport aux agressions qui peuvent être, j'ai envie de dire, autant sans contact qu' avec contact. Quand on parle de harcèlement sexuel, que ce soit en milieu de travail ou ton voisin ou quoi que ce soit, quelqu'un qui t'envoie des messages à connotation sexuelle à répétition, quelqu'un qui t'envoie des courriels à répétition, quelqu'un qui vient te voir, te fait des demandes pour des rendez-vous, des dates et tout ça, bien ça ça fait partie de la catégorie du harcèlement sexuel. Par contre, avec le harcèlement sexuel, il y a comme une petite nuance à avoir dans les milieux de travail. Il existe, au niveau des normes du travail, des lois pour protéger les personnes qui sont victimes de harcèlements sexuels, mais quand on arrive au niveau du Code criminel, il n'y a pas de chef d'accusation harcèlement sexuel. Il y a d'autres chefs d'accusation qui peuvent être posés, ça il n'y a pas de problème.

Par exemple:

communication indécente, communication répétée, c'est d'autres chefs d'accusation qui peuvent être portés envers l'agresseur, mais le chef d'accusation, agression sexuelle... Voyons, pas agression sexuelle, harcèlement, n'existe pas. Fait que là, je ne peux pas me présenter au poste de police en nommant que je viens déposer une plainte pour harcèlement sexuel, mais je peux toujours porter plainte, puis on va être capable de mettons nommer des chefs d'accusation à partir de maintenant. Exactement! Mais tsé si on part de porter plainte, on peut aller porter plainte pour harcèlement sexuel en expliquant les gestes, puis qu'est-ce qui se passe. Puis après ça, bien ça va être si ça se rend à la procureur par exemple, peut porter un chef d'accusation d'harcèlement, de communication répétée et de communication indécente. Là, je sors plein d'affaires comme ça, mais elle pourrait, le ou la procureur pourrait accuser la personne de ces chefs-là, mais ça ne sera jamais harcèlement sexuel. C'est ça la petite nuance, mais il y a des recours possibles, puis si c'est votre besoin de porter plainte pour vous sentir plus en sécurité, puis si ça devient dangereux, n'hésitez pas à le faire. Il va y avoir un moyen que ça se rende en justice. Ça ne sera juste pas harcèlement sexuel. C'était ma petite nuance. Parfait, c'est rassurant. C'est rassurant comme ça, mais je pense que pour tout ce qui est forme d'agression, on a fait le tour. Encore une fois, si on a échappé une forme d'agression sans contact, appelez-nous puis dites nous c'est quelle forme, puis on va être capable de se rattraper éventuellement dans les prochains épisodes. Je pense que oui, on aurait fait le tour. On a parlé tantôt qu'on avait des petites statistiques à parler, tout ça. Je ne sais pas si Doris voulait nous éclairer avec tout ça? Bien oui, je peux parler des statistiques, mais avant, je pense que ce serait intéressant de parler des réactions possibles. Je trouve que c'est quand même pertinent parce que peu importe la forme d'agression qu'on a vécue, on peut réagir de différentes façons. On peut soit fuir, on peut soit se défendre, puis on peut se figer, puis c'est ça qu'on observe dans la majorité des suivis qu'on a, les femmes vont nous

dire:

« Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai figé. » Puis tsé, ça amène beaucoup de culpabilité chez les femmes qui viennent dans nos services de ne pas s'être défendue, de ne pas s'être battues pour elles-mêmes et puis tout ça, mais en fait, c'est une réaction qui est... c'est très instinctif je dirais de figer pour se protéger de la personne. C'est comme si on était une proie, donc on se protège. C'est très animal comme réaction. Fait que c'est notre cerveau qui prend le dessus dans le fond pour nous protéger. Exact, puis tsé des fois dans mon bureau, il y a des femmes qui arrivent puis qui ont vécu plusieurs agressions et qui ont réagi de façons différentes d'une agression à l'autre. Fait que ce n'est pas parce que vous vivez une première victimisation, puis vous vous défendez, qu'à la deuxième, vous allez nécessairement combattre. Vous pouvez aussi figer, puis c'est tout aussi valide, c'est une réaction du cerveau.

C'est comme si votre cerveau dit:

« Pour ta sécurité, c'est ça qui va se passer, puis on va faire ça. » Donc tsé, je pense qu'il y a beaucoup de travail à faire à ce niveau-là. Ce n'est pas parce qu'on ne se défend pas qu'on voulait que ça nous arrive en aucun cas. Fait qu'il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises façons de réagir quand on est en train de vivre une agression sexuelle, en général. C'est ça, je pense que c'est ça, c'est des réactions qui sont automatiques, si je peux dire. Puis, rendues à ce moment-là, dans un moment comme ça, les personnes de l'extérieur ne devraient pas se permettre de dire: « Et bien moi, je n'aurais pas fait ça ou moi, j'aurais réagi comme ça ou comme ça. » On ne le sait pas. C'était une réaction au danger, puis cette personne-là, elle a figé parce que c'est ce que son cerveau lui a indiqué de faire, a choisi de faire, c'est tout. Je ne pense pas qu'il y a une discussion à avoir par rapport à ça. Puis c'est normal comme ça. Je vais continuer avec les statistiques. Justement, depuis tantôt, on parle de femmes, de victimes, fait que vous comprendrez que c'est beaucoup plus de femmes qui sont victimes d'agressions sexuelles. Donc pour vous permettre de visualiser un peu, environ une femme sur trois va être victime d'au moins une agression au courant de sa vie. Donc ça voudrait dire que, si dans votre réseau, vous avez six amies filles ou femmes, sachez qu'au moins deux d'entre elles ont déjà été victimes d'agressions sexuelles. Ça vous donne au moins une idée de l'ampleur du phénomène. Puis, parmi ces victimes, 80% connaissaient leurs agresseurs. Ça montre que le mythe que les agressions se produisent dans une ruelle sombre, tard le soir, par un inconnu, ce n'est pas vrai du tout. 80% donc ça veut dire que, et bien c'est des personnes qu'on... c'est notre collègue de travail, c'est un membre de la famille, c'est notre conjoint. C'est déjà... notre agresseur est déjà dans notre réseau dans 80% des cas. Puis je pense que ça peut aussi aider à défaire le mythe que les agressions sont nécessairement toujours violentes. Quand on parle d'agressions sexuelles, ce n'est pas toujours violent. Si la victime connaît, par exemple, son agresseur, je donne un exemple, si c'est une personne en position d'autorité, il peut y avoir beaucoup plus de manipulations que de violences. Donc tsé, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu de violences ou que ça n'a pas laissé de traces ou de marques que c'est moins grave tout ça. Je pense que dans les médias, avec le sensationnalisme et tout, on voit beaucoup les agressions sexuelles violentes qui sont mentionnées dans les nouvelles, mais la réalité, c'est que c'est très peu des agressions qui sont violentes comme ça. Oui parce que justement, on connaît la personne. Puis je pense également que ça peut expliquer en partie le fait de se figer parce que c'est quelqu'un qu'on connaît, donc on ne s'attend pas à se retrouver dans cette situation-là avec cette personne en particulier, donc on est prise par surprise, donc on ne sait pas comment réagir. Fait que notre cerveau, il va nous dire de se figer. Donc c'est ça pour les statistiques. Je pense qu'une dernière statistique qui serait importante serait de dire que, sur 100 cas d'agression, il y a 3%... il y a 3 plaintes qui ont été déposées. Donc, 3% de plaintes à la police, c'est quand même très peu pour une forme d'agression qui est quand même assez préoccupante. Oui, effectivement, je pense que tsé de porter plainte pour agression sexuelle, c'est une grosse décision à prendre. Puis, encore une fois, on entend beaucoup parler que c'est un processus qui est difficile. Donc, c'est ce qui entraîne peut-être le fait qu'il y ait si peu de ce crime-là qui soit répertorié à la police. Je pense que ça pourrait me permettre de parler un petit peu d'une notion que j'avais vue. Je t'ai parlé un petit peu de ça la semaine passée. J'ai vu ça en criminologie, on parle du chiffre noir de la criminalité souvent dans mes études. Puis, le chiffre noir, c'est le nombre de crimes qui est réellement commis versus le nombre de crimes qui est dénoncé. Donc, comme tu as mentionné, il y a un énorme chiffre noir en agressions sexuelles parce qu'il y a beaucoup d'agressions sexuelles qui se passent, malheureusement, et il y en a très peu qui sont répertoriées à la police. Donc, le réel nombre d'agressions sexuelles, les réelles statistiques, c'est très difficile de les sortir. Les statistiques qu'on a données aujourd'hui, c'est souvent avec des sondages autodéclarés, fait que c'est des personnes qui répondent, mais sans qu'il y ait d'implication de leur nom ou de leur identité. Mais c'est quand même très difficile de savoir l'étendue du phénomène. On sait que c'est un phénomène qui est très important, malheureusement, mais on ne sait pas réellement les chiffres de tout ça. Parce que justement, c'est difficile d'en parler, fait que ça se peut qu'il y ait des femmes qui aient été victimes d'agressions sexuelles, puis finalement, qui n'ont pas répondu au sondage. Exactement. D'où l'importance de croire une victime quand elle vient nous faire une confidence, quand la personne nous confie qu'elle a été victime d'agression sexuelle. Pourquoi ça? Parce que ça lui prend tout son courage pour venir en parler, pour se confier à une personne. Puis, on va en parler dans un prochain épisode, des attitudes aidantes, comment accueillir ces confidences-là, mais l'important, c'est de croire la victime, puis d'être là pour la victime. Je crois que c'est ce qui conclurait très bien ce premier épisode. Doris, merci beaucoup d'être venue. Ça m'a fait plaisir. Puis de notre côté, on se reverra dans quelques semaines pour le deuxième épisode. Merci beaucoup!

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